Le Président, qui a répondu à ses détracteurs, a affirmé que les réformes sont en bonne voie. Le président de la République était très attendu hier à Triolet, dans le mythique Bab El-Oued, un quartier qu'il connaît bien pour y avoir “pris” des bains de foule à au moins cinq reprises, la dernière étant à l'occasion de la visite de Chirac. Il était 17 h 10 quand, au milieu d'un brouhaha festif et tonitruant, Abdelaziz Bouteflika, qui rentrait de Constantine, a investi le Théâtre de verdure construit sur les décombres du marché de Triolet et devenu “la place de la solidarité”. Depuis tôt l'après-midi, la place était le théâtre d'une grande agitation. Il y avait un important cordon de sécurité installé depuis les hauteurs de Oued Koreïche. Les écoliers ont été mobilisés en force pour remplir les gradins du théâtre. La fête était déjà en marche à coups de zorna. Des clowns étaient également de la partie pour égayer la foule de mômes venus accueillir le Président. La presse était en force, elle aussi. D'aucuns espéraient quelque coup d'éclat, un mouvement de fronde, des voix disgracieuses. La petite sortie du Président se passe en douce. Bouteflika, accompagné de Khalida Toumi, du wali d'Alger et autres responsables municipaux, ainsi que de figures du Mouloudia d'Alger, fait le tour de stands célébrant la fête du livre. Pendant ce temps, les enfants s'extasiaient sur le rythme endiablé du tube des Last Ketchup… Quelques heures auparavant à Constantine, Bouteflika avait demandé à ce que les enseignements soient tirés des évènements internationaux qui, faudrait-il se rendre à l'évidence, sacralisent l'unilatéralité des forces. Allusion directe aux Etats-Unis avec lesquels il n'ira pas avec le dos de la cuillère. Sans les citer nommément, il précisera qu'ils “n'auront aucune gloire à tirer de leur agression contre l'Irak”. Et à lui de faire le parallèle entre le terrorisme religieux et les agressions commises au nom de la civilisation et de la démocratie qui, dans un cas comme dans l'autre, présentent un danger. Un danger qui planera telle l'épée de Damoclès sur les pays faibles “tant les intérêts et les appétits des puissances, américaine s'entend, s'inscrivent aux antipodes du droit international”. Le président Bouteflika, qui a effectué le déplacement à Constantine, pour la troisième année consécutive, afin de présider la principale manifestation de la Journée de la science qui est le colloque sur “L'éducation et l'enseignement dans la première partie du XXe siècle”, initié par la Fondation Ibn-Badis, insistera sur la réforme de l'école et de l'université. Et bien que la refonte du système éducatif ait été amorcée, il ne soufflera mot sur le travail de la commission Benzaghou. Il décochera simplement une flèche à l'égard des pro et antiréforme en affirmant que “l'instrumentalisation ou la politisation de l'école serait intolérable”. A l'adresse des universitaires, il reprochera le manque de production qualitative qui réduit l'université à une simple structure et non à un creuset d'élite et de faiseurs d'avenir. Celui qui a fêté, il y a deux jours, le quatrième anniversaire de son accession au pouvoir n'en fera pas le bilan exhaustif. Il abordera furtivement la question des réformes qu'“il jugera être en bonne voie”. Et pour clôturer son allocution qui aura duré deux heures, Bouteflika lancera à plusieurs reprises un appel à la population en lui demandant de“prendre soin de l'Algérie”, une phrase qui aurait sonné comme un adieu. Cela pourrait-il signifier qu'il ne briguera pas un nouveau mandat pour l'échéance présidentielle de 2004 ? M. B. / R. A.