Pour la communauté juive allemande, néonazis et islamistes auraient des similitudes, du moins lorsqu'il s'agit d'actes antisémites qui se multiplient en Allemagne. La violence antisémite est généralement le fait de jeunes sympathisants de l'extrême droite néo-nazie, mais cette fois la police a indiqué qu'elle recherchait un jeune homme d'apparence arabe qui aurait agressé un rabbin, reconnaissable à son couvre-chef en proférant des mots à consonance arabe. Poignardé au ventre, le rabbin a été opéré et ses jours ne sont pas en danger. La présidente du Conseil central des juifs d'Allemagne, Charlotte Knobloch, a vivement condamné l'attaque, tandis qu'un vice-président de l'organisation, Dieter Graumann, mettait en cause les islamistes radicaux, rejetant tout de même toute suspicion généralisée envers les musulmans, dont la majorité en Allemagne condamne les violences commises au nom de l'Islam. Mais, s'est interrogé Graumann, il faut demander aux dirigeants des communautés musulmanes ce qu'ils font de concret pour s'opposer aux prêches haineux et à la radicalisation croissante des jeunes musulmans en Allemagne. L'attaque du rabbin est intervenue trois jours après l'arrestation en Allemagne de trois suspects islamistes, dont un Turc et deux Allemands de souche convertis à l'islam, accusés de préparer des attentats à la voiture piégée contre des restaurants, discothèques et aéroports fréquentés par des Américains. Réagissant à ces arrestations, la ministre de la Justice, Brigitte Zypries, avait elle-même appelée les dirigeants de la communauté musulmane, forte de 3,4 millions de personnes en Allemagne, à agir de façon active contre la radicalisation et, en cas de nécessité, d'informer les autorités de leurs soupçons. Le ministre de l'Intérieur de la Bavière, Günther Beckstein, avait estimé, pour sa part, que les autorités devraient enquêter pour savoir si les Allemands qui se convertissent à l'Islam sont de tendance libérale ou islamiste. Il reste que les attaques xénophobes et antisémites, qui se sont multipliées ces dernières années en Allemagne, sont le fait de néo-nazis. Plus de 12 000 délits liés à la mouvance d'extrême droite, dont 726 actes de violence, ont été recensés en Allemagne en 2006, soit une hausse de l'ordre de 20% sur un an, selon le ministère de l'Intérieur. R. I./Agences