Farès Oudjedi, l'un des animateurs les plus en vue de la coordination de la wilaya de Béjaïa, a fait partie des délégués détenus. Liberté : Après deux ans de combat, des signes de lassitude sont perceptibles dans le mouvement et les dernières actions sont révélatrices de cette situation. Qu'en est-il au juste et où vont les archs ? Farès Oudjedi : Après 24 mois de lutte pacifique pour des revendications légitimes, le mouvement citoyen a subi la manipulation, les intimidations, la répression et les arrestations de délégués et, parfois, de citoyens. Cette guerre d'usure menée par le pouvoir explique, quelque part, ce reflux de la mobilisation dans les actions de rue. Mais le mouvement ne s'est pas essoufflé et ne s'essoufflera jamais. tous les observateurs, y compris la commission Issad, ont conclu à la responsabilité du pouvoir dans les évènements de Kabylie. Des délégués de la population de cette région sont toujours en prison, alors que celui qui a tué Guermah Massinissa s'apprête à retrouver la liberté et l'on s'interroge si cela n'est pas une provocation à la veille du 2e anniversaire du Printemps noir. Le dernier conclave tenu à Yakouren, les 27 et 28 mars, a failli aboutir à une impasse. Pourquoi ? L'importance du débat sur le point relatif à la perspective politique, qui, certainement, offrira à l'Algérie une alternative sérieuse, est la seule raison. La difficulté réside dans le fait que notre mouvement est structuré horizontalement et les décisions sont arrêtées par consensus. Donc, ce qui s'est passé à Yakouren n'est pas une impasse, mais plutôt un passage obligé, en raison de l'importance du document soumis au débat. Des informations de presse ont fait état d'une autre invitation de la présidence de la République pour la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur... La plate-forme d'el-Kseur, explicitée à Larbaâ Nath-Irathen, est scellée, non-négociable et sa satisfaction reste l'objectif principal du mouvement. Toutefois, s'il y a une volonté réelle du pouvoir pour un règlement de cette crise, qu'il donne au moins un gage de cette volonté. Malheureusement, nous attendons toujours la libération des détenus ainsi que l'arrêt des poursuites judiciaires. Et s'il y a un communiqué des hautes autorités du pays s'engageant à la satisfaction de nos revendications, la population saura prendre ses responsabilités en mandatant ses délégués légitimes pour la mise en œuvre d'un plan de règlement de la crise en Kabylie. R. B.