S'exprimant en tant que délégués de la Cicb et de l'interwilayas, les conférenciers ont, tour à tour, analysé la situation. Dans une conférence de presse animée, hier, au siège de L'Expression à Béjaïa. les délégués Ali Gherbi, Farès Oudjedi, Beza Benmansour et Amokrane Radjdal se sont longuement étalés sur la situation du mouvement citoyen et ont clairement explicité leur démarche quant au règlement de la crise en Kabylie. S'exprimant en tant que délégués de la Cicb et de l'interwilayas, les conférenciers ont tour à tour analysé la situation du MC. Intervenant en premier, Ali Gherbi, délégué du CSC d'El Kseur, a fait un point sur la situation au sein de la coordination de Béjaïa. une situation qui reste caractérisée par un dysfonctionnement total, pour ne pas dire qu'elle se trouve au bord de l'implosion. Pour le conférencier, certains délégués bloquent l'évolution de la position de la CIC Béjaïa quant à la reprise des pourparlers avec les représentants de l'Etat. N'allant pas avec le dos de la cuillère, il parlera au même titre que ses trois autres camarades «d'incompétence, d'irresponsabilité et de manipulation», et c'est pour alerter l'opinion publique sur cet état de fait que ce point de presse a été organisé, d'après Gherbi. «La situation n'est pas aussi reluisante qu'on peut le croire», dira-t-il en précisant que «le statu quo actuel est né d'une passivité qui caractérise les délégués». Cela en sus de «l'éparpillement des coordinations», conséquence «de l'option du dialogue». Devant cette situation, «nous avons décidé de parler», conclut-il avant de céder la parole à son camarade de Sidi Aïch, Beza Benmansour. Ce dernier relèvera «l'absence d'une vision et d'une stratégie de lutte à la lumière des développements intervenus sur la scène politique nationale». Il explicitera ensuite la démarche que lui et ses camarades proposent pour une sortie de crise. Une démarche arrêtée suite à une large concertation avec les différents segments de la société, selon l'orateur, et qui «prend en considération la situation générale du pays et celle du mouvement citoyen, mais également l'analyse de la révolte citoyenne du printemps noir», a-t-il encore précisé. «Il faut une délégation qui prenne attache avec les représentants de l'Etat afin de s'enquérir de l'état d'avancement de l'application des incidences, de l'option référendaire et des atteintes aux libertés démocratiques», poursuit-il dans les détails de la démarche. «Si le compte-rendu que la délégation présentera à l'issue du contact est positif, c'est l'amorce véritable du dialogue de mise en oeuvre de la plate-forme d'El Kseur qui aboutira à la mise sur pied d'un mécanisme de suivi», ajoute-t-il, «sinon le mouvement citoyen lancera une large concertation avec la base citoyenne pour une réaction conséquente». Lui succédant, Farès Oudjedi d'Akfadou rejoindra globalement ses deux camarades qui l'ont précédé et soulignera que «le MC a acquis un statut d'interlocuteur au prix de lourds sacrifices, il se doit de le préserver». Intervenant au lendemain de l'arrestation de Belaïd Abrika, la conférence de presse d'hier a été l'occasion aux délégués de Béjaïa de s'exprimer officiellement. Tout en se déclarant en attente de l'évolution de la situation, ils menacent de «recourir à la protestation de rue si leur camarade de Tizi Ouzou n'est pas libéré dans les plus brefs délais». Notons à la fin que les conférenciers ne se reconnaissent pas dans la déclaration de la Cicb rendue publique à l'issue du conclave auquel ils n'ont pas pris part le week-end dernier, la qualifiant de recul par rapport à l'esprit-même du mouvement citoyen. Quant à la tenue d'une interwilayas, là encore les conférenciers déclarent ne pas être en mesure d'arrêter une date quelconque eu égard à la situation qui prévaut dans le mouvement citoyen. Toutefois, un conclave ordinaire de la Cicb se tiendra dans les prochains jours, informent-ils à la fin. Ainsi donc, la crise, qui couvait depuis quelques mois au sein de la Cicb, a fini par éclater au grand jour. La sortie des délégués les plus en vue à Béjaïa donnaient hier l'impression de faire appel à l'arbitrage populaire pour faire basculer le rapport de force et, par voie de conséquence, mettre fin aux blocages de leurs camarades de la Cicb.