Il reproche aux autorités la non-application des textes de loi portant sur la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Mais il oublie de signaler qu'il n'avait pas lui-même respecté la loi puisqu'il ne s'est pas rendu aux autorités. Dans une lettre ouverte adressée aux autorités compétentes et qu'il a rendue publique, l'ex-“émir” national du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) s'en prend vertement (sans les nommer) à ceux qui refusent d'appliquer sur le terrain les dispositifs judiciaires de la Charte sur la concorde civile. Il citera l'exemple de sa propre famille qui, selon lui, rencontre moult difficultés, au niveau du Palais de justice, pour extraire les dossiers de ses membres morts ou disparus. Le rédacteur du document rendu public affirme ne pas comprendre pourquoi les autorités judiciaires ont refusé de délivrer les dossiers de ces personnes, toutes de la famille Hattab. Il donne même la liste de ses frères (Mohamed, Khaled, Zoheïr et Mustapha), tous morts entre 1993 et 1995. Il cite aussi le cas de son neveu, Djamel Hattab, disparu depuis le 29 juillet 1995. Il affirme que sa famille a demandé ces dossiers pour pouvoir bénéficier des indemnités prévues par les textes de la concorde civile. Il regrette encore une fois que la justice ait refusé de remettre les actes de décès de ses frères comme le prévoit, selon lui, la loi sur la concorde civile. Après avoir relevé ces refus, il s'en prend, encore une fois, à ceux qui refusent d'obtempérer aux textes de loi en vigueur en Algérie ; il menace de reprendre les armes. Il affirme par ailleurs : “Le terrorisme est meilleur que d'appartenir à une politique tordue.” Il termine sa lettre par le slogan : “La lutte et la lutte jusqu'à la victoire.” Pour rappel, Hassan Hattab n'a pas encore déposé les armes et il se trouve quelque part dans le maquis de Boumerdès en situation de ni guerre ni paix avec une centaine de ses hommes. L'arrivée, en 2005, de la mouvance radicale à la tête du GSPC, avec Droukdel comme “émir” national, a précipité l'isolement de l'aile à laquelle appartient Hassan Hattab qui était plutôt ouvert aux négociations avec le pouvoir. Depuis, Hassan Hattab a gelé ses “activités” sans pour autant rendre les armes. D'ailleurs cette lettre ressemble beaucoup plus à un message codé, car pour qu'il puisse bénéficier des dispositions contenues dans la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, il aurait fallu qu'il se rende lui-même aux autorités. Comment veut-il bénéficier d'une loi à laquelle il n'obtempère pas ? Par ailleurs, cette menace vient à un moment crucial. En effet, après l'attentat ayant visé Mustapha Kertali le 14 août dernier, Madani Mezrag avait appelé à la reddition des personnes encore au maquis. Mais au lieu de cela, le GSPC s'est davantage radicalisé en commettant des opérations terroristes spectaculaires à Batna et à Dellys. L'aile radicale de Droukdel refuse toujours de déposer les armes et, pour afficher sa négation quant à la charte, ce groupe terroriste s'est dernièrement mis sous la coupe d'Al-Qaïda, la nébuleuse d'Oussama Ben Laden. Tout porte à penser que Hassan Hattab veut montrer encore une fois sa capacité de nuisance aux autorités et son existence encore aux responsables du GSPC. Saïd Ibrahim