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Le seuil critique
Le suicide à Tizi Ouzou
Publié dans Liberté le 22 - 04 - 2003

Deux cent trente personnes se sont donné la mort dans la wilaya de Tizi Ouzou depuis janvier 2000.
Avec plus de 12 000 décès par an à travers le monde, le suicide est plus meurtrier que nombre de maladies. Sans oublier les 160 000 tentatives de mettre fin à la vie qui sont autant d'appels au secours. En Algérie, même s'il est difficile d'obtenir des chiffres officiels, il est aisé de reconnaître que le suicide est devenu un phénomène inquiétant. Il ne se passe pas un seul jour sans que la presse évoque des cas de suicide aux quatre coins du pays et plus particulièrement en Kabylie.
Pour la seule semaine du 9 au 13 février 2003, sept personnes se sont donné la mort dans la wilaya de Tizi Ouzou. Pour l'année 2000, 93 décès par suicide ont été enregistrés et notifiés à la direction locale de la santé. En 2001, 71 autres cas sont venus s'ajouter à cette liste macabre. Dr Lankri, ancien maître-assistant au CHU Mustapha d'Alger et spécialiste en médecine légale, a eu à autopsier 51 cas de suicide en 2002 (36 hommes et 15 femmes) aux secteurs sanitaires de Tigzirt, Larbaâ Nath-Irathen, Aïn El-Hammam et Draâ El-Mizan et 15 cas depuis le début de 2003. La plus jeune victime est âgée de 15 ans. Le plus âgé a 75 ans.
Selon l'étude du Dr Lankri, la mort par pendaison demeure le procédé le plus utilisé par les victimes (42 cas), “du fait de sa facilité d'exécution et de son caractère radical de mort volontaire”. Vient ensuite la chute d'un lieu élevé (la précipitation ou la défenestration) avec 4 cas. Trois personnes ont mis fin à leur vie en absorbant des produits toxiques et deux autres, l'une par phlébotomie (se couper les veines) et l'autre avec une arme à feu.
Mai-juin : la période noire de l'année
Ce sont surtout les jeunes (21-30 ans) qui sont touchés avec 20 cas enregistrés.
Selon la même étude, le pic a été atteint durant le deuxième trimestre de l'année, soit en mai-juin.
Sachant que pour des raisons sociales, religieuses ou autres, tous les suicides ou tentatives de suicide ne sont pas déclarés par les familles. Ces chiffes sont certainement en deçà de la réalité.
Ce constat macabre a été fait lors de la journée d'étude sur le suicide organisée jeudi dernier par la Ligue de prévention et de sauvegarde de la jeunesse et de l'enfance de la wilaya de Tizi Ouzou.
Les participants à cette rencontre sont unanimes à dire que la Kabylie est devenue le “berceau” du suicide en Algérie depuis deux ans.
“Il y a une moyenne de 7 suicides par mois. C'est un fléau qu'il faut résoudre. J'ai travaillé pendant 15 années à l'hôpital Mustapha d'Alger. Je peux dire qu'il y a moins de suicides à Alger qu'à Tizi Ouzou”, explique Dr Lankri.
Dr Tribèche Arezki, épidémiologue au CHU de Tizi Ouzou, abondera dans le même sens : “Notre wilaya enregistre un taux d'incidence de 8,2% pour 100 000 habitants. Le suicide est la cause la plus importante de mortalité prématurée avec les accidents de la route.” Selon le conférencier, ce phénomène touche plus les célibataires (46,2%) que les mariés (26,9%). Trois régions sont particulièrement concernées par ce fléau. Il s'agit de Tigzirt (Ouaguenoun et Boudjima), Larbaâ Nath-Irathen (Tizi Rached) et Aïn El-Hammam.
Le suicide : un acte imprévisible
Contrairement aux idées reçues, les adolescents ne sont pas les seules victimes du suicide. Chez l'adulte, de nombreux facteurs de risque existent. “Toutes les couches sociales sont touchées”, fait remarquer le Dr Benabdellah, chef de service psychiatrie de Oued Aïssi.
“Le suicide n'est pas une pathologie. Il n'a pas de symptômes, même si parfois l'état dépressif peut amener une personne à se suicider”, ajoutera-t-il.
De son côté, Dr Lankri estime que cet acte fatal est imprévisible : “Cela arrive que nous sortions normalement avec des gens et, le lendemain, ils se suicident. J'en garde un souvenir douloureux. Un homme de 42 ans, père de famille, avait tous les moyens pour vivre heureux. Et pourtant, il s'est suicidé ! Pourquoi ? Je ne sais pas.”
Il faut dire que les causes du suicide sont, dans la plupart des cas, étouffées, notamment par les familles ou même par les services chargés de faire la lumière sur ce phénomène. Il est frappé d'ostracisme, marqué par l'interdit et délibérément occulté.
Il ne s'agit plus de compter les décès
Face à l'inquiétante recrudescence des cas de suicide, l'APW de Tizi Ouzou avait décidé de mettre sur pied une structure dite Commission de réflexion et de prévention du suicide (CRPS). Un budget de 1 million de DA lui avait été alloué par le wali. Son objectif : évaluer le phénomène et proposer une stratégie de lutte. Après deux ans d'existence, le plan d'action de la CRPS se limite à plaider pour la prise en charge des cas à risques suicidaires. “C'est un problème intersectoriel qui nécessite l'intervention de tout le monde”, expliquera Dr Toudeft, membre de la CRPS qui recommande, par ailleurs, “l'amélioration de la prise en charge des dépressifs, la réduction de la paupérisation, la création d'un centre de soins pour les toxicomanes, l'intervention des imams sur le sujet dans les mosquées…”
Le Dr Benabdellah, lui, refuse de siéger dans une telle commission. Il est catégorique : “Aujourd'hui, il s'agit de sauver des vies humaines et non pas de constater leur décès.”
Pour lui, la création de commissions en Algérie est synonyme d'un échec assuré.
A. T.


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