Tout en cultivant le mystère sur ses intentions “présidentielles”, il assure que dans tous les cas de figure, la souveraineté et les modalités démocratiques de son expression seront respectées. À la veille de sa visite en Sardaigne où il doit participer à un sommet algéro-italien, le président Bouteflika a accordé un entretien à l'agence italienne Ansa dans lequel il dresse un bilan positif des relations entre Alger et Rome. Cependant, cet entretien vaut aussi par la dernière question, mais surtout la réponse du président de la République :“Qu'est-ce que vous prévoyez après 2009 ? Y a-t-il quelqu'un que vous voyez comme votre futur héritier qui pourrait prendre les rênes du pays après vous ?”, interroge le journaliste. Pour le président Bouteflika, une telle question relève de l'ordre “de la spéculation” et donc son refus de s'y prêter. Mais, dans la deuxième partie de sa réponse, il donne une indication de taille en exprimant son “attachement au respect en toute circonstance de la souveraineté du peuple algérien et des modalités démocratiques par lesquelles elle doit s'exprimer”. Respect de “la souveraineté” et “des modalités démocratiques”, deux mots-clés qui pourraient s'entendre comme l'expression d'un souci du président Bouteflika de procéder, dans le cas où il briguerait un troisième mandat, à une révision préalable de la Constitution. Révision dont la finalité, entre autres, est de sauter le verrou qui limite le nombre de mandats à deux seulement. Alors que avril 2009, c'est déjà demain dans l'agenda politique, le président Bouteflika laisse entendre dans sa réponse que cette échéance n'est pas, pour le moment du moins, au menu de ses priorités. À moins aussi qu'il ne s'agisse de sa part d'une sorte de pirouette habile pour éviter d'ores et déjà une grande focalisation sur cet événement qui est déjà sur les tablettes des observateurs et des états-majors politiques. Dans le cas donc d'un troisième mandat, on s'acheminerait inévitablement vers une révision de la Constitution, qui est l'expression même de cette souveraineté populaire dont le Président fait le souci. Cette révision constitutionnelle, serpent de mer du débat politique, peut emprunter deux voies. Celle d'un référendum qui paraît aujourd'hui étroite, au sens où les Algériens ont consommé leur divorce d'avec les urnes, comme en témoigne l'abstention du 17 mai dernier, et le spectre d'une autre claque qui plane déjà sur les locales du 29 novembre. Mais en même temps, c'est celle qui confère plus de légitimité et donc de panache à la démarche. Il y a la probabilité de la voie parlementaire qui suppose juste la convocation en congrès des deux chambres du Parlement pour entériner les amendements. C'est notamment l'option préconisée par Ahmed Ouyahia toutes les fois qu'on lui pose la question. Mais au-delà des “spéculations” sur telle ou telle autre voie de révision, en attendant que les choses arrivent à maturité dans les centres décisionnels, force est de relever que Abdelaziz Belkhadem, lors de sa dernière conférence de presse, est encore revenu à la charge sur la question. Il s'est fait l'avocat d'une révision pour permettre au président Bouteflika de postuler à un troisième mandat et donner, a-t-il ajouté, “aux Algériens la possibilité de choisir en toute souveraineté et en toute démocratie”. Deux sorties successives sur le même sujet, dans un intervalle assez court, sont, pour les spécialistes de l'herméneutique, un signe qui ne trompe pas. Et en voulant l'évacuer d'une pirouette, le président Bouteflika place déjà, et paradoxalement, la question au cœur du futur débat politique post-élections locales. N. Sebti