Sitôt rentré de Beyrouth, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a programmé un autre départ, lundi prochain, dans le pays du Cèdre ! Pour la cinquième fois, Paris, au nom de relations historiques, tentera de se placer dans la scène libanaise où même Washington est prudent. Contrairement à ses précédentes randonnées, l'inventeur de l'ingérence humanitaire avait pris soin de faire état d'un optimisme mesuré quant à l'issue de sa dernière mission. Le ministre de Sarkozy a tenté une nouvelle fois de dénouer le nœud de la présidentielle libanaise, laquelle, tout aussi bien aux yeux des Français que des Américains, semble menacée par une nouvelle escalade entre la majorité parlementaire anti-syrienne et l'opposition proche de Damas. Kouchner qui sera encore à Beyrouth, juste avant la fin du mandat du président Lahoud, a rencontré le président du Parlement et leader de l'opposition, Nabih Berri, le chiite d'Amal, pour s'entendre dire que l'élection présidentielle libanaise est du ressort des Libanais et que ceux-ci sont attelés à la tâche. La classe politique libanaise doit se mettre d'accord d'ici le 21 novembre sur le choix du successeur d'Emile Lahoud, qualifié par la majorité pro-occidentale de prosyrien et dont le mandat s'achève le 24 novembre. Paris n'est pas en mesure d'intercéder, déclare-t-on, au sein de l'opposition libanaise, dès lors que ses autorités continuent à se placer délibérément et entièrement aux côtés de Fouad Siniora, le chef du gouvernement soutenu par l'Occident. Kouchner ne s'est pas empêché de critiquer le discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a fait monter les enchères dimanche en appelant le président Lahoud à prendre une mesure de salut national s'il n'y a pas d'accord sur son successeur. Le chef de file de l'opposition n'a pas précisé la teneur de l'initiative, mais celle-ci a été interprétée par la majorité et ses alliés occidentaux comme un appel pour former un gouvernement parallèle ! Lahoud avait, en effet, laissé entendre qu'il pourrait envisager de nommer le chef de l'armée à la tête d'un gouvernement provisoire en l'absence de compromis. D. B.