Ce peu d'engouement des chefs des partis politiques pour aller communier avec leurs militants dans les wilayas et les localités de l'est du pays, durant la première semaine de cette campagne électorale, reflète à la fois l'état de déconnexion des citoyens de la chose électorale et du désarroi d'une classe politique qui paie l'illisibilité de ses stratégies et de ses actions. En effet, la majorité des meetings qui ont été animés par les quelques leaders de partis politiques n'ont pas réussi à drainer les foules. La majorité des espaces et des salles réservés à cet effet n'ont pas affiché complet ! Les mêmes éternels mots d'ordre passe-partout, du genre “voter pour les compétents” et “el hogra”, ont été associés à de nouveaux comme “el harga” ou encore “el batata”. Un discours superficiel qui renseigne sur le niveau de la majorité de la classe politique, incapable de traiter les problèmes de société dans le fond, s'en limitant aux symptômes. Ainsi, Moussa Touati, président du FNA qui a animé un meeting populaire au niveau de la salle omnisports du stade du 1er-Novembre de Batna, a préféré faire appel à l'histoire, spécialement celle de la région des Aurès, pour tenter de mobiliser ses troupes devant lesquelles il fustigea la politique du gouvernement. “Ils doivent s'occuper de la politique intérieure avant la politique extérieure”, disait-il. Sur le même élan, il a disqualifié l'actuelle politique économique : “C'est une honte de voir un pays comme le nôtre importer du pain et de la pomme de terre, alors qu'il était le grenier du monde.” Pour Touati, seul le changement à travers des urnes protégées par les citoyens contre la fraude préservera la société du chaos. Ce dernier est expliqué par le président du FNA, lors de son meeting tenu à Sétif, par le déficit de confiance entre le peuple et ses gouvernants. Dans la capitale des Hauts-Plateaux, il a plaidé pour l'installation d'une cellule politique chargée du changement de la situation actuelle du citoyen. À Guelma, le même Touati a mis plus de piment dans son discours en appelant carrément à une autre révolution par le bulletin de vote. Pour lui, les seules réformes économiques réussies sont celles qui ont permis à des ouvriers étrangers d'être payés dix fois plus que leurs homologues algériens pour le même travail fourni. Akila Benabdesselam