Tous les commerçants de la ville activent à longueur de journée dans des conditions d'insalubrité continue. L'activité commerciale à Blida n'obéit à aucune règle, clochardisant chaque jour un peu plus nos rues. Le commerce dans la wilaya de Blida est dans une situation de confusion que la région n'a jamais vécue auparavant. Le désordre et la désorientation constituent le seul décor planté à Blida. Entre un mécanicien et un vendeur de la pièce détachée automobile, on y trouve un crémier ou un pâtissier. Il est tout à fait clair que personne ne cautionne actuellement cette cacophonie, mais la réalité est là. Certains responsables préfèrent dire que la conjoncture n'est pas propice pour intervenir afin de mettre fin à cette anarchie qui ne fait que dégrader l'image de la vile des Roses. D'autres s'efforcent à exprimer leurs incapacités à intervenir sur le terrain, en évoquant le problème de chômage. Pour eux, il faut fermer les yeux sur cette situation, car il faut bien que ces jeunes travaillent et peut importe la forme et la façon de l'activité qu'ils pratiquent. Certains anciens commerçants de la rue de Bab Edzaïr racontent que durant les années 1970 et 1980 que tout était bien ordonné pour que le citoyen ne se fatigue pas pour trouver ce qu'il cherche. Certaines ruelles étaient spécialisées uniquement dans la vente des même articles. À titre d'exemple, la rue Abdellah, qui garde relativement sa spécialité, était exclusivement réservée au commerce des tissus, des robes et accessoires des mariés. “Avant, pour pouvoir ouvrir un commerce, les services de la DCP ne badinent pas avec l'organisation, il vous délivre l'autorisation que lorsqu'elle s'assure que la nature de votre commerce existe déjà dans la rue où vous allez ouvrir votre commerce. Avant, on ne mélange même pas les torchons avec les serviettes”, s'indigne ammi Rabah, un vieux commerçant, qui raconte avec nostalgie le règlement et l'organisation d'entant. Que reste-t-il aujourd'hui de cette culture et de ces valeurs qui régissent l'activité commerciale ? Si on se fie à la réalité du terrain où nos trottoirs et nos chaussées sont devenus des chasses gardées des commerçants “informels” qui étalent à même le sol leur marchandise. “Comment peut-on expliquer au su et au vu de tout le monde qu'une boucherie expose la moitié de sa marchandise sur le trottoir, un poissonnier vend la sardine sous une canicule de plomb et dans une heure avancée de la journée ou le pain qui se vend sur les trottoirs?” Ammi Rabah ajoute plus loin que les services de contrôle et d'hygiène jadis passaient à midi dans les points de vente pour arroser les cagettes de sardines qui sont toujours en vente à base d'une matière chimique. Le vieux se demande encore sur le rôle des services de la direction du contrôle et des prix ainsi que ceux de l'hygiène, qui selon lui, quelles que soient les raisons, devraient pas abandonner le terrain pour faire respecter le règlement avec rigueur. À Blida, dans le quartier appelé placette Lâarab (la place des Arabes), un quartier, qui fait l'objet aujourd'hui d'un marché de fruits et légumes, fait office de commerces tous azimuts. En passant par ces vendeurs de poisson sur le trottoir à ciel ouvert et sans aucune norme d'hygiène par celui qui vend le pain, les œufs, la pâtisserie, les effets vestimentaires, le crémier, le tailleurs, et ce coiffeur qui se trouve entre le boulanger et le vendeur de pizza. Tous ces commerçants activent à la longueur de journée dans des conditions d'insalubrité continue. L'activité commerciale à Blida n'obéit à aucune règle, se clochardisant chaque jour un peu plus nos rues. K. Fawzi