Ce qui devait arriver arriva dans l'enceinte prévue comme futur vitrine de la ville de Blida : cocktail Molotov, jets de pierres, fumées âcres provenues de pneus brûlés, le tout exprimant le mécontentement d'une frange de la population s'étant estimée lésée dans ses droits les plus élémentaires se symbolisant par un toit décent pour un citoyen algérien. L'origine de ce « mal » provenait de l'attribution de F1 dans des cités à plus de 3 km du lieu où ils résidaient. « Nous avons entendu dire depuis des années que la construction de F1 était bannie dans notre pays ! », fulminait un de ces bénéficiaires, écharpe autour du cou « à la palestinienne » et brandissant une bouteille pleine de projectiles. Axe de grande circulation, le bd Takarli a dû être fermé à la circulation, obligeant même ceux qui revenaient de Chréa à faire un large détour par le boulevard El Qods à l'ouest de la ville. Pour les autorités de la wilaya chargées de l'urbanisme, « ces cas proviennent de personnes ayant vécu dans des conditions d'insalubrité inhumaines, avec l'humidité et les rats, l'absence de toilettes et d'évacuation des eaux usées ! Nous leur avons offert des F1 parce que nous ne disposons pas de F2 et F3, et j'estime même, ajoutera M. Bouabcha, directeur de l'urbanisme et coiffant l'opération, avoir rendu la dignité à cette frange de la population recensée dernièrement avec un seul enfant et qui vous ramène aujourd'hui d'autres enfants conçus hors mariage. Dans chaque maison vivaient plusieurs familles avec des fois, je l'affirme, deux ménages par chambre ! Et nous avons filmé ces conditions dégradantes. » Le quartier Bécourt appelé à être démoli dans sa totalité, les habitants et les commerçants, formant également un cocktail détonant, sont partagés dans la manière de poser le problème aux autorités ; une jeune femme montrera une copie de la décision de démolition signée par le premier responsable de la commune alors que, disait-elle, « ce sont les services de la wilaya qui activent et aucune considération n'est prêtée aux riverains ». Il est vrai aussi que nombre de nouveaux habitants ont occupé les lieux depuis le début des démolitions et le discernement devient difficile. Des propriétaires de logements et de commerce affirment, quant à eux, qu'un recensement récent avait été établi par l'ancien exécutif de l'APC et que toute nouvelle occupation est un leurre pour profiter des largesses de l'Etat. A la veille de la visite du président de la République, prévue pour demain, les forces de sécurité comptent bien tenir la situation en main, afin d'éviter les débordements pendant que des jeunes et moins jeunes s'apprêtent à présenter les doléances au président tout en souhaitant sa visite aux lieux.