Depuis le début de la campagne, les graffiti appelant à la “harga” ont cédé la place aux affiches et aux listes des candidats. Certains disent que c'est une campagne porteuse d'espoir dans une ville martyre. Accusé de faire dans le régionalisme en proposant lors des dernières échéances électorales des militants issus de la tribu des Ouled Attia, le FLN a essayé, cette fois-ci, de se rattraper en plaçant à la tête de la liste de Collo un jeune cadre issu de l'autre tribu rivale, les Beni Toufout. Emargeant dans la Such de Collo, ce fils d'un ancien moudjahid, connu de la région, est talonné par d'autres candidats issus des deux tribus des Achach est Ouichawa. Si le premier est nouveau dans la gestion politique locale, les autres ont déjà siégé à l'hôtel de ville dans les années 1980. Ce cocktail de jeunesse d'expérience et de tribalisme arrimé à ce qu'on qualifie de famille révolutionnaire obéit, finalement, à une logique consacrée depuis l'indépendance par les structures locales du parti de Belkhadem. Seulement, sur le terrain, les luttes d'appareil au sein du FLN se sont répercutées négativement sur l'accueil des candidats sur la liste du vieux parti par les populations lors de leurs actions de proximité. Les jeunes des quartiers, qualifiés à tort de difficiles, ont réservé un accueil hostile aux candidats du parti qui ont découvert qu'ils sont eux mêmes victimes d'une comptabilité au passif lourd. Après le “tout Ouled Attia” lors des dernières élections, c'est au tour du “tout Beni Toufout” cette fois-ci. La tête de liste FLN à Beni Zid, 14 km de Collo, n'est autre que le frère de la tête de liste de Collo. Une aberration qui risque de peser négativement aux deux candidats pourtant, pris individuellement, ils sont très appréciés localement. Le RND et le MSP, dont les structures locales connaissent une certaine stabilité, comparés à la houle que traverse leur allié au gouvernement, ont reconduit à la tête de leurs listes deux élus sortants. Une façon de jouer la carte de l'expérience et de la continuité, nous dit-on. La nouveauté, cette année, vient des listes du PT et du RCD engagées pour la première fois dans les locales. La tête de liste, une personnalité locale, fils d'un ancien militant du mouvement national, cadre supérieur en activité, fédère autour de lui, en plus des militants et sympathisants de la région, la majorité des citoyens. Depuis le début de la campagne, les graffiti appelant à la “hargua” ont cédé la place aux affiches des candidats. Un fait qui est lui-même une piste pour ceux qui cherchent à diagnostiquer le phénomène de la “hargua”. Comme quoi, quand la jeunesse a de l'espoir, elle n'est pas prête à se suicider. Une façon de rendre la classe politique, et ses faiseurs d'élus, responsable du malaise de la jeunesse algérienne ignorée par les coulisses d'un jeu de clanisme et de régionalisme devenu, à la longue, assassin. Les jeunes de Collo semblent croire en le discours de la formation de Saâdi qui fait du binôme agriculture-tourisme le leitmotiv du futur schéma de développement de tout le massif. La preuve du pragmatisme du programme, nous disent certains d'entre eux, est que les colistiers sont aux commandes d'importants organismes dans les deux secteurs concernés. La veille de la clôture de la campagne, pour une première dans les annales de la chose politique locale, le RCD a organisé un meeting qui a regroupé les sympathisants de sa liste. Mourad Kezzar