Les sondages laissant prévoir une relative victoire, voire même un désaveu pour sa révision constitutionnelle, le président vénézuélien joue la carte nationaliste pour mobiliser son électorat contre les “traîtres” qui ne dénoncent sa détermination à ne pas lâcher le pouvoir. Hugo Chavez a gelé les relations du Venezuela avec l'Espagne jusqu'à ce que le roi Juan Carlos, qui lui avait ordonné de se taire lors d'un sommet au Chili, lui ait présenté des excuses, et la Colombie qui a subitement refusé son intercession pour la libérations des otages détenus par la guérilla. Excellent populiste, Chavez a expliqué concernant l'Espagne qu'il était sûr de sa décision car il représente la majorité des Vénézuéliens dignes et courageux ! Chavez avait eu un accrochage avec le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, et comme il ne cessait de l'interrompre, le roi Juan Carlos lui avait lancé : pourquoi tu ne te tais pas ? Chavez n'a pas manqué alors de s'appesantir sur le passé colonial de l'Espagne en Amérique latine, période marquée par des génocides. Chavez a aussi décidé de geler des relations avec la Colombie à la suite de l'annulation par Bogota de son mandat de médiation dans l'affaire des otages de la guérilla colombienne des FARC. Le président vénézuélien avait fait un voyage à Paris pour promettre à Sarkozy de faire libérer la sénatrice franco-colombienne Ingrid Betancourt, ainsi que trois salariés d'une entreprise américaine retenus dans la jungle depuis plusieurs années. Le ton était brusquement monté avec le président colombien Alvaro Uribe, qui a accusé son homologue vénézuélien de légitimer le terrorisme. Ce dernier a alors multiplié les attaques contre Uribe qualifié de menteur et se désolant de la Colombie qui mérite un autre président plus digne ! Chavez a ordonné à ses ministres de se tenir en alerte concernant les liens commerciaux avec la Colombie, deuxième partenaire commercial de Caracas. Il a en outre annoncé que le Venezuela ne rejoindrait pas la Communauté des nations andines, quittée l'an dernier pour dénoncer les accords de libre-échange que la Colombie et le Pérou ont conclus avec les Etats-Unis. Après avoir critiqué la participation de la Colombie au programme de lutte contre la drogue soutenue par les Etats-Unis, dans lequel il voyait un artifice de Washington pour maintenir une présence militaire en Amérique latine, Chavez, qui se propose d'y instaurer le socialisme, déclare qu'Uribe est le jouet des gringos. Il reste que ce double coup de gueule chaviste intervient la veille du référendum sur la réforme constitutionnelle à un moment où la tension monte au Venezuela avec des manifestations contre la modification de la Constitution qui vise à donner le pouvoir à vie à Chavez réélu en décembre dernier pour six ans, lui permettent surtout de décréter indéfiniment l'état d'exception autorisant la censure pure et simple de la presse. Chavez a exigé de sa police de la fermeté face à ces enfants gâtés ! D. Bouatta