Le président américain, George W. Bush, et le Premier ministre irakien, Nouri al Maliki, ont fait un premier pas vers un accord, donnant un nouveau cadre à la présence militaire américaine en Irak après 2008 et régissant les relations à long terme entre les deux pays. Les deux dirigeants ont signé, au moment où s'ouvrait la conférence sur le Moyen-Orient à Annapolis, par téléconférence, une déclaration de principes qui fournit la table des matières de négociations à venir, selon le conseiller de Bush pour les guerres en Irak et en Afghanistan, le général Douglas Lute. Américains et Irakiens vont mener des négociations pendant les premiers mois de l'année prochaine pour que les forces américaines, après 2008, ne soient plus placées en Irak sous un mandat des Nations unies, mais en vertu d'un accord entre Washington et Bagdad, selon les deux gouvernements. Cet accord s'inscrirait dans ce que la Maison-Blanche a présenté comme un partenariat stratégique à long terme comprenant aussi les relations politiques et diplomatiques, économiques ou culturelles. Selon la déclaration signée des deux dirigeants, les négociations devraient aboutir avant le 31 juillet. La forme et l'ampleur de l'engagement militaire américain, ainsi que l'établissement éventuel de bases permanentes seront un sujet de négociations capital, a dit le général Lute. L'annonce américano-irakienne signifie que, dans la dernière année de son mandat, Bush va installer la présence militaire américaine en Irak alors que cette mission contestée divise profondément ses compatriotes. Les Américains disposent actuellement de quelque 162 000 militaires en Irak. Bush est parvenu à résister aux efforts de ses adversaires démocrates, majoritaires au Congrès, pour lui imposer un retrait. Il s'est contenté d'ordonner d'ici à juillet 2008 un désengagement limité qui risque de laisser encore près de 100 000 hommes en Irak à la fin de son mandat en janvier 2009. Le Pentagone a clairement envisagé une présence militaire durable en Irak qui pourrait s'inspirer de l'exemple sud-coréen. Et le général Lute a indiqué que l'Administration n'avait pas l'intention de soumettre les accords à la ratification du Congrès. En Irak, Maliki a indiqué que 2008 serait la dernière année de présence de l'armée américaine dans son pays sous mandat de l'ONU et le Premier ministre irakien s'est employé à présenter les accords avec Bush comme de nouveaux progrès sur la voie de la souveraineté et de la normalisation irakiennes ! “Il n'y a plus aucune justification à ce que l'Irak reste sous le chapitre VII de la charte de l'ONU”, a-t-il déclaré, mettant fin au subterfuge selon lequel les Américains sont à Bagdad en vertu d'un mandat onusien. Les nouveaux accords énonceront également des engagements pour dissuader toute agression extérieure contre l'Irak et soutenir la lutte antiterroriste. Ils viseront aussi à soutenir le développement économique et l'insertion de l'Irak dans les organisations politiques et économiques internationales, comme l'Organisation mondiale du commerce, et faciliteront le flux des investissements étrangers, en particulier américains, vers l'Irak. C'est clair : le départ des Américains n'est pas pour demain. D. B.