Le statut des sociétés privées de sécurité du genre de Blackwater figurera au centre des négociations entre l'Irak et les Etats-Unis pour fixer les futures relations entre les deux pays, a déclaré mardi l'ambassadeur d'Irak à Washington, Samir Sumaidaie. "En ce qui concerne les compagnies privées de sécurité, je ne veux pas devancer les discussions, mais c'est l'une des principales sources d'inquiétude que les Irakiens vont mettre sur la table ",a indiqué l'émissaire irakien à quelques journalistes. " nous voulons qu'elles puissent être tenues pour responsables. Notre position est qu'elles puissent être considérées comme responsables selon la loi irakienne", a ajouté M. Sumadaie. Les sociétés privées qui assurent la sécurité des diplomates et de nombreux autres étrangers en Irak bénéficient actuellement de l'immunité en Irak, conformément à une directive de l'ancienne Autorité provisoire de la coalition, mise en place après l'invasion de l'Irak en 2003. Le 16 septembre, des agents de Blackwater qui escortaient un convoi diplomatique avaient ouvert le feu à un carrefour très fréquenté, tuant 17 civils. La société a depuis régulièrement affirmé qu'ils n'avaient fait que répliquer après avoir essuyé des tirs, alors qu'une enquête irakienne a conclu que le convoi n'avait même pas reçu un jet de pierre. Les agents des sociétés privées étrangères opérant en Irak ne peuvent être jugés par des tribunaux militaires américains et il n'est pas établi s'ils peuvent être jugés aux Etats-Unis pour des crimes commis à l'étranger. Le Congrès américain envisage cependant une nouvelle loi qui permettrait de le faire mais l'Irak souhaite pouvoir les juger. Interrogé sur cette immunité, l'ambassadeur irakien l'a qualifiée d'"inacceptable". "Je pense que cela devrait être inacceptable pour les Américains aussi parce que cela leur donne (aux sociétés privées de sécurité) la liberté de faire ce qu'elles veulent, ce qui est contre-productif du point de vue des Américains eux-mêmes", a-t-il indiqué. M. Sumaidaie a reconnu que les discussions avec les Etats-Unis risquaient d'être difficiles sur ce dossier. "Il y aura peut-être des arguments contraires et nous écouterons ce que chacun aura à dire, mais nous avons des inquiétudes que nous mettrons sur la table", a-t-il dit. Questionné sur les propos de l'ambassadeur, le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, s'est montré circonspect. "Ce que nous voulons, c'est que les deux parties soient satisfaites, dans le sens où tous ceux qui opèrent en Irak respectent des lois, aient des comptes à rendre selon la loi et puissent opérer de façon à ce que nous, nous puissions faire notre travail", a-t-il expliqué. "Bien sûr, nous discuterons sérieusement avec le gouvernement irakien de cette question", a ajouté M. McCormack, qui a refusé de préjuger de l'issue des discussions. "Nous verrons bien", a-t-il dit. Le gouvernement irakien a annoncé lundi que les discussions sur cet accord entre l'Irak et les Etats-Unis débuteraient la troisième semaine de février. Fin novembre, le président américain George W. Bush et le Premier ministre Maliki avaient signé une "déclaration de principes" fixant la matrice des négociations pour donner un nouveau cadre à la présence militaire américaine en Irak après 2008 et régir les relations à long terme entre les deux pays. Selon cette déclaration de principes, les forces américaines en Irak ne seront plus placées sous un mandat des Nations unies après 2008, mais en vertu d'un accord entre Washington et Bagdad.