Les autorités américaines s'attellent à la difficile tâche de reconstruire l'Irak, où le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld pourrait se rendre, un peu plus de deux semaines après la chute du régime de Saddam Hussein. Confrontée à la colère de la population contre la présence militaire américaine et la lenteur des efforts de remise en état des services, l'administration civile provisoire du général Jay Garner a annoncé hier la prochaine mise en place d'une équipe d'experts irakiens, dont beaucoup ont servi sous le régime déchu, pour gérer Bagdad. "Cela va être une équipe de base pour la gestion de la ville", qui compte plus de 5 millions d'habitants, a déclaré à la presse Barbara Bodine, une ancienne ambassadrice qui, au sein de l'administration provisoire américaine, est chargée du centre de l'Irak, dont Bagdad, après une réunion avec d'anciens responsables de la capitale. L'électricité et l'eau ont été partiellement rétablies à Bagdad et dans d'autres villes, mais les rues de la capitale sont toujours jonchées d'ordures, la distribution d'électricité est intermittente et les hôpitaux sont confrontés à d'énormes difficultés. Des centaines d'Irakiens ont crié leur colère hier dans le centre de Bagdad, comme ils le font quotidiennement, pour réclamer le retour à la normale du réseau électrique, "des lignes de téléphone" et "l'éducation, non l'occupation". Les manifestants protestent ainsi à la fois contre ce qu'ils estiment être l'absence d'initiatives américaines et la présence des GI's dans leur pays. C'est à Abou Dhabi que M. Rumsfeld a commencé sa tournée dans le Golfe et en Afghanistan pour passer en revue les forces américaines dans la région après la chute du régime de Saddam Hussein. Selon des responsables américains, M. Rumsfeld devrait remercier les Emirats arabes unis pour avoir autorisé les forces américaines à accéder aux bases de ce pays pendant la guerre en Irak, et entamer des discussions sur les arrangements militaires après la chute de l'ancien régime irakien. Le secrétaire à la Défense devrait se rendre plus tard dans la journée au Qatar, d'où le Commandement central américain (Centcom) avait conduit la guerre en Irak. Au cours de cette tournée de quelques jours dans le Golfe, M. Rumsfeld, dont le programme précis a été maintenu secret pour des raisons de sécurité, devrait également se rendre en Irak, selon la télévision américaine CNN. Il devait se rendre hier en Afghanistan, mais cette visite a été reportée, et il y est maintenant attendu dans le courant de la semaine. Dans une déclaration aux journalistes qui l'accompagnent, M. Rumsfeld a affirmé qu'"on ne doit pas penser qu'il s'agit d'une tournée de la victoire". "Une lourde tâche reste à accomplir. Des personnes continuent d'être victimes de tirs, et dans certains cas, elles sont tuées ou blessées", a-t-il dit. "La tâche qui nous attend en Irak va demander beaucoup de concentration, d'attention et d'efforts pendant un certain temps", a-t-il ajouté.