Comme à chaque échéance électorale, l'école primaire Cheikh El-Bachir-El-Ibrahimi, dans le quartier huppé d'El-Biar, était, dans la matinée de jeudi, le pôle d'attention très particulier. C'est dans ce centre que le président de la République a toujours voté. L'établissement devant recevoir pour une poignée de minutes le premier magistrat du pays est paré de ses meilleurs décors. Il est 7h50 quand nous arrivons à l'entrée où les formalités de remise des badges sont exécutées solennellement par le service de sécurité. À l'intérieur tout est déjà en place. À 8h, les premiers votants arrivent. Des citoyens d'un certain âge que les mauvaises conditions climatiques n'ont pas eu raison de leur volonté. Dans l'enceinte de l'école, journalistes, agents de la sécurité présidentielle et organisateurs font les cent pas en attendant l'arrivée du chef de l'état. Il faut dire que le froid de canard n'était pas pour faciliter l'attente. Certains confrères ont préféré d'ailleurs profiter du bienfait des radiateurs pour faire irruption dans une des salles de classe. La n°34 est particulièrement surveillée. C'est dans ce bureau que le citoyen Abdelaziz Bouteflika votera dans un moment. Les photographes de presse, de la radio et de la télévision autorisés à y entrer, arment leurs matériels pour un mitraillage en direct. Le jeune frère du Président, Nacer Bouteflika, accompagné de son fils vote vers 9h. Quarante minutes plus tard, les derniers coups de balai et de frottoir chassant l'eau sur le parcours tracé par les rubans de part et d'autre annoncent l'arrivée imminente du chef de l'état. Dans le bureau n°34, un calme olympien interrompu par le cliquetis des caméras et appareils photos. L'on saura tout de cette opération, sauf le contenu de l'enveloppe que le président de la République a soigneusement refermée dans l'isoloir avant de la glisser dans la fente de l'urne. Toutes les spéculations sont permises même si d'aucuns devinent déjà le numéro du bulletin. En quittant le bureau de vote, et sous une pluie battante, nous lui lançons la question : “On ne saura jamais pour qui vous avez voté, M. le Président ?” Il se contentera d'esquisser un sourire agrémenté d'un salut de la main. Une réponse diplomatique mais assez éloquente pour dire que le Président de la République a fait son choix depuis longtemps pour ce parti qui a fait de lui son Président d'honneur. A. F.