Il s'est démené comme un fou pour son référendum constitutionnel, promettant le paradis socialiste aux classes populaires et menaçant ses opposants accusés de pro-américains. Il a perdu, les urnes ont décidé de préserver la démocratie. Le Venezuela a rejeté le projet de réformes constitutionnelles soumis à référendum par le président Hugo Chavez, qui souhaitait notamment voir lever toute limitation du nombre de mandats présidentiels. Les électeurs ont majoritairement répondu “non” à cet ensemble de réformes qui aurait également donné au président le contrôle des réserves de devises étrangères et étendu ses pouvoirs en cas d'état d'urgence, jusqu'à fermer la presse privée. Selon les autorités électorales, on dénombre environ 51% de non et 49% de oui. L'opposition a immédiatement manifesté sa joie dans les rues de Caracas, où des militants se rassemblent dans les rues en klaxonnant et en brandissant des drapeaux. Pour Chavez, encore populaire dans son pays, il s'agit du premier revers électoral depuis son arrivée au pouvoir lors de l'élection de 1998. Le président a rapidement reconnu sa défaite mais assuré qu'il poursuivrait la bataille pour construire le socialisme ! Il a ajouté que les réformes avaient échoué pour l'instant mais qu'elles étaient toujours vivantes, laissant ainsi entendre qu'il tenterait à nouveau de rebondir. La gifle est d'autant plus forte pour Chavez qu'il n'y a pas eu que ses opposants à rejeter sa réforme, car les partis d'opposition, les étudiants, les associations des droits de l'homme, les cercles financiers, l'église catholique et certains de ses anciens alliés à se prononcer contre son rêve de rester à vie à la tête du Venezuela. C'est une minorité du point de vue des chiffres par rapport à la population pro-Chavez. Même son traditionnel électorat lui a refusé le chèque à blanc qu'il avait exigé, le suspectant d'instaurer une dictature. Pourtant, Chavez avait averti avant le scrutin qu'une défaite pourrait anéantir la révolution et le pousser à envisager sa démission. Cela n'a pas marché et lui-même est revenu sur ses mises en garde après l'annonce des résultats : il ne quittera pas le pouvoir ! Pour l'opposition divisée, le résultat du référendum représente une victoire majeure, après plusieurs échecs électoraux et une tentative avortée de coup d'Etat en 2002. Galvanisés, les dirigeants de l'opposition pourraient tenter plus fermement de faire échouer le projet de Chavez d'instaurer le socialisme du XXIe siècle, notamment via la nationalisation de larges pans de l'économie. Cela pourrait le pousser à réétudier le rythme et l'ampleur des changements qu'il tente d'appliquer au Venezuela, ont estimé des analystes. Le président vénézuélien dispose toutefois encore de larges pouvoirs, ses alliés contrôlant le Congrès, les tribunaux ainsi que la commission électorale. Le président américain boit du petit lait lui à qui Chavez avait promis toutes les foudres. L'issue de son référendum a montré que le populisme avait ses limites au Venezuela. D. Bouatta