Résumé Fahima tire la couverture sur les épaules de ses filles. Elles viennent de s'endormir sans même avoir dîné. épuisées par une longue journée passée en plein air, elles n'ont pas eu la force d'attendre qu'elle leur chauffe les restes du dîner de la veille. La jeune mère les embrasse sur le front puis sort de la chambre. Elle tire la porte derrière elle, ne voulant pas troubler leur sommeil. Ce matin, elle s'est rendue à son travail, plus tôt que d'habitude. Elle n'a pas eu le temps, de mettre de l'ordre dans les chambres et de ranger la cuisine. D'habitude, elle les laisse chez une nourrice mais celle-ci a un enterrement au bled. Alors, juste le temps de déposer les enfants chez sa belle-mère, elle a pris un taxi jusqu'au commissariat où elle travaille. Elle est secrétaire et elle a du courrier à traiter. Elle n'est pas en retard dans son travail, mais c'est la période des promotions et des mutations. D'habitude, elles sont trois au bureau. L'une d'elle vient de se marier et elle est en congé. Fatima a été si occupée qu'elle n'a pas pris le temps, de sortir déjeuner. L'après-midi, elle a reçu un appel de sa belle-mère Dounia, la prévenant de leur sortie à la campagne. Sabah et Majda se sont amusées à courir derrière les chevreaux qu'un oncle, berger, garde non loin de sa maison. Elles n'ont pas vu le temps passer. Et surtout de sentir l'absence de leurs parents. Madjid est chauffeur dans une grande entreprise en produits laitiers. Il passe une grande partie de son temps sur les routes, à fournir les centres commerciaux et les épiceries. Il lui est arrivé de dormir sur le bas-côté de la route lorsqu'il sent que la fatigue risque d'avoir raison de sa bonne volonté. Il l'appelait alors, pour la rassurer. Bien des fois, elle lui a parlé des risques qu'il prenait en roulant longtemps. La peur qu'il s'endorme au volant, ne la quitte jamais. Quand elle apprend qu'il y a eu un accident, elle court demander où et quel genre de véhicule. Quand ce n'est pas un camion-frigo, elle est vite rassurée. Elle est là à repenser à tout ça, tout en mettant de l'ordre dans la cuisine lorsque l e téléphone sonne. - Bonsoir Madjid ! Je pensais à toi. Où es-tu ? - Sur la route… Comment vas-tu ? Comment vont les filles ? lui demande-t-il. Est-ce qu'elles m'ont réclamé ? - Oui, tu leur manques, répond-elle. Côté santé, elles vont bien. Elles ont passé la journée avec ta mère et elles sont parties à la campagne. - C'est bien silencieux derrière toi ! remarque-t-il. D'habitude, elles demandent à me parler ! - Elles dorment, dit Fahima. Tu rentres quand ? - Demain, en fin de journée, lui apprend-il. J'aurai trois jours de récupération… - Inch'Allah ! Sois prudent en route ! Lui recommande-t-elle. - Toi aussi. Ferme bien le gaz, la porte, les volets. Regarde bien autour de toi, s'il y a un visage suspect ! - Tu te fais du souci pour rien, répond Fahima. J'ai bientôt quarante ans et quinze années de travail, dans la police, lui rappelle-t-elle. Tu n'as pas à t'en faire, je ne risque rien et il ne nous arrivera rien ! - La prudence est… - Je sais, je sais, l'interromp-elle. Je serai prudente, promet-elle. Alors, à demain ! Madjid lui souhaite une bonne nuit avant de raccrocher. Elle comprend son inquiétude. Il y a peu de temps, une collègue s'est fait agresser par son ex-petit ami ! A. K. (À suivre)