Le prix de la précieuse bête se maintient à un niveau qui découragerait les plus tenaces. Cette année, le marché du cheptel connaît moins d'engouement dans la wilaya de Djelfa qui, rappelons-le, recèle à elle seule près de cinq millions de têtes ovines, soit 1/4 du patrimoine ovin national, constitué essentiellement des plus belles races de mouton du pays, prisées aussi bien pour leur chair que pour leur pelage. Ainsi, et malgré une offre supérieure à la demande, le prix de la précieuse bête se maintient à un seuil qui découragerait les plus tenaces .Les raisons sont simples : tout d'abord, la dégradation du pouvoir d'achat du consommateur. En effet, en plus de la hausse subite du prix de certains produits de consommation, tels le lait, la semoule, l'huile et les légumes, la rencontre d'évènements majeurs comme la rentrée scolaire, le mois de Ramadhan et les fêtes de l'Aïd el-Fitr ont laissé nombre de citoyens sur la paille. De plus, le prix de revient d'un mouton est très élevé si l'on comptabilise toutes les charges que constituent les frais relatifs à l'alimentation, au pacage, au transport et aux soins. Ainsi, et à titre indicatif, un agneau engraissé acheté à 12 000 DA se vendrait à 18 000 DA, l'éleveur ayant déboursé plus de 3 000 DA à l'entretien de la bête. Les trois mille autres constituant le bénéfice récolté sur lequel pourraient être déduits les frais de la main d'œuvre engagée. Enfin, le taux de pluviosité enregistré cette année, loin de rappeler le spectre de la sécheresse qu'a connue la région en 2006, a aussi sa part de responsabilité dans les tarifs appliqués par les maquignons et autres revendeurs parasites qui ont revu leurs prix à la hausse à l'approche de la fête du sacrifice qui coincide cette année avec le mercredi 19 décembre. Un éleveur rencontré au marché hebdomadaire d'Aïn Oussera, interrogé sur la tendance des prix, nous dira : “Les prix sont les mêmes partout. À Djelfa comme à Birine, en passant par Hassi Bahbah”, comme si les vendeurs s'étaient passés le mot à travers les quatre coins de la wilaya. Ainsi, l'agneau (khrouf) est cédé entre 10 000 et 14 000 DA, le mouton moyen (ilouchh) entre 18 000 et 25 000 DA alors que les meilleures bêtes (kbach aux grandes cornes roulées) frôlent le cap des 30 000 DA, des chiffres qui pousseraient plus d'un à déchanter. Mais, il est assez courant de voir les habitants de la région se rabattre sur l'agnelle (khroufa) ou sur le cheptel caprin beaucoup moins cher, ou encore, et c'est plus souvent le cas, sur la brebis (rakhla, pour reprendre le jargon du terroir), dont le prix varie entre 8 000 et 15 000 DA et qui est, par conséquent, plus accessible aux petites bourses. Quant à savoir si le marché ne risque pas de subir le poids des grossistes et autres maquignons qui influent d'une façon ou d'une autre sur les cours, un autre propriétaire rétorque que non, et que pour parer à ce manque d'intérêt, beaucoup d'éleveurs envisageraient d'écouler leur marchandise sous des cieux plus cléments et, surtout, plus offrants au marché de Réghaïa par exemple, réputé pour sa sécurité et dont les éleveurs disent beaucoup de bien ici à Djelfa. D'autres, au contraire, ne désespèrent pas de voir arriver une clientèle providentielle, venue du nord s'approvisionner pour la circonstance. S. OUAHMED