“Il s'agissait d'un licenciement massif pour cause économique, et on nous faisait croire alors que le feu était dans la maison et que Sider était ruinée. Les gens du syndicat ont déblayé le terrain pour eux-mêmes et pour leurs proches. C'était une arnaque monumentale…” Ces mots sont de Abderrazak N., l'un des représentants des quelque 400 signataires de la pétition, que le personnel qui a opté pour le départ volontaire en 1997, a adressé aux plus hautes instances du pays et à la justice. Pétition qui accompagne le volumineux dossier prouvant à la charge de l'employeur que l'opération de dégraissage des effectifs ne s'était pas faite dans la transparence à l'époque. La démarche n'est pas nouvelle pour autant, puisque les ex-travailleurs de Sider avaient déjà fait entendre leur voix par le passé. Ils avaient notamment manifesté leur détresse en février et en mars de cette année en bloquant à maintes reprises les accès du complexe sidérurgique. Le mouvement de revendication avait été suivi par tous les agents qui avaient opté pour le départ volontaire durant la phase de restructuration du complexe sidérurgique d'El-Hadjar, dont les actions sont actuellement détenues à hauteur de 70% par Mittal Steel et 30% par l'Entreprise nationale de sidérurgie. En effet, ils étaient plus de 400 ex-travailleurs à bloquer pendant plusieurs jours, en février et mars derniers, l'accès du complexe. Venus des wilayas de Skikda, Guelma, El-Tarf, Souk-Ahras et Annaba, ils se disaient déterminés, comme un seul homme, à faire entendre leur revendication auprès des nouveaux patrons de la désormais Arcelor Mittal. Le mot d'ordre de ce vaste mouvement était de forcer la direction du complexe à reconsidérer avec eux les termes de ce qu'ils qualifient aujourd'hui de “licenciement abusif”. Les contestataires dénoncent en bloc l'opacité qui avait entouré l'opération de réduction des effectifs en 1997 avec les représentants syndicaux, conditions qu'ils assimilent à une sorte d'incitation au départ forcé. Une sorte de mise en scène où tout n'a pas été clairement dit, sinon que les difficultés de toutes sortes qui minaient le complexe en ce temps-là allaient faire craindre le pire à leur outil de production. Une grille d'indemnités avait été unilatéralement mise au point par l'employeur ; un bureau spécialisé leur avait été alors proposé et des indemnités ont été versées à chaque travailleur exprimant le désir de quitter le complexe. Ces primes et indemnités variaient selon l'ancienneté de chacun entre 30 et 55 millions de centimes, argent qui n'aura servi à tenir que quelques mois pour la plupart de ceux qui ont bénéficié du départ volontaire. Les ex-travailleurs, dont la plupart vivent aujourd'hui au seuil de la pauvreté, revendiquent, à travers leur dépôt de plainte, la révision du calcul de leur retraite pour ceux qui y ouvrent droit, l'application de la convention collective de branche, sinon bénéficier de certains avantages du fonds social, tels les soins médicaux et les allocations familiales, ainsi que la réintégration de ceux qui sont encore jeunes et en mesure de travailler. Le secrétaire général du syndicat UGTA de l'entreprise Arcelor Mittal, contacté à ce propos, estime que la démarche des contestataires est du ressort exclusif de la justice et qu'en ce qui le concerne, les portes de l'instance syndicale leur restent ouvertes. M. Smaïn Kouadria assure que “les représentants des travailleurs feront tout ce qui est en leur pouvoir pour donner la priorité de réintégration aux ex-travailleurs”. Et d'ajouter : “Ceux d'entre ceux-ci qui ont un savoir-faire et une technicité spécifiques seront favorisés en cas d'embauche. Des programmes de recrutement sont d'ailleurs actuellement en phase d'élaboration par la direction de Arcelor Mittal et ils devraient en bénéficier…” A. Allia