La région d'AIt Yahia Moussa (sud-ouest de la wilaya de Tizi Ouzou) est d'un relief escapé et montagneux. Elle n'a que les oliveraies séculaires comme seule ressource. Ces derniers années, les oléiculteurs n'arrivent même pas à satisfaire leur propre consommation d'huile pour une année. Cela est dû à plusieurs facteurs. Ainsi, l'on affirme que les oliveraies existantes ont vieilli et leur régénération n'a pas été possible malgré quelques essais faits ici et là par des agriculteurs. Mais le facteur le plus influant sur le rendement est indubitablement les ravages causés par les incendies. “En dix ans, plus de 10 000 oliviers étaient partis en fumée. Le greffage de l'oléastre ne réussit plus à cause de la sécheresse et de nouveaux feux de forêt qui se déclarent chaque année. Durant l'été dernier, pas moins de 1 000 autres arbres ont été la proie des flammes”, explique à ce propos un oléiculteur de Tafoughalt. Evoquant le manque de pistes agricoles, il précise qu'“au niveau de notre village, seule une piste a été réalisé. Mais elle manque d'entretien si bien qu'elle ne servira à rien en cas d'incendie. Pourtant, on a parlé de l'ouverture d'autres pistes vers les oliveraies”, ajoute-t-il. Pour cette saison, les gaules sont rangées dans les hangars. Les quelques oléiculteurs qui ont la chance de récolter quelques quintaux sont inquiets. “La plupart des huileries n'ont pas ouvert. On doit transporter ces sacs d'olives jusqu'à Boghni ou Ath Zaouïa moyennant d'autres frais en plus . Et puis, on dit que le rendement par quintal est de quelques litres seulement”, a précisé un autre oléiculteur du même village. Si les oléiculteurs se plaignent, les consommateurs le font encore plus. “En raison du rendement faible et d'une saison compromise, le prix va grimper jusqu'à 350 DA le litre”, se lamente un consommateur habitué de ce produit aux mille remèdes. Et d'ironiser : “L'huile d'olive est devenue avec le temps du luxe. C'est fini le temps où on en consommait à volonté.” Pour leur part, les propriétaires des huileries aussi bien modernes que traditionnelles trouvent que la saison s'annonce mal. “C'est une saison de vaches maigres pour nous. Il n'y a pas de clients. Et puis, on ne peut pas mettre les machines en route, car la saison n'est pas prolifique. Pour ouvrir, il faudra déclarer l'activité, donc régler les impôts et l'assurance des ouvriers saisonniers”, pense un propriétaire d'une huilerie à Tafoughalt qui dit que l'an dernier son huilerie a fonctionné durant cinq mois. “Avec une pression exercée sur nous par les clients, il a fallu travailler H24. Six ouvriers ont gagné durant la saison de quoi vivre décemment tout le reste de l'année”, enchaîne-t-il. Pour cet interlocuteur, les services agricoles doivent mettre en place une politique d'aide à ce secteur. Certes, des subventions ont été octroyées dans le cadre du FNDRA aux agriculteurs, mais les résultats n'ont pas été probants. Pour le moment, la solution est peut-être de lancer des PPRDI dans des villages où ce genre de plantations peuvent réussir. O. Ghilès