Dans le cadre de la 4e édition des journées internationales du film d'animation d'Alger, le réalisateur français de films d'animation, M. Michel Ocelot, était présent samedi soir pour la projection privée d'Azur et Asmar. Si le nom du réalisateur et le titre de son film ne vous disent rien, une dernière indication éclairera sûrement les moins bien informés. M. Michel Ocelot est le cerveau qui se cache derrière, entre autres succès, celui du petit et vaillant Kirikou. Et si après toutes ces indications, vous restez dans le flou, c'est que votre cas est désespéré. Mais revenons à Azur et Asmar, dont les dialogues ont été écrits dans un mélange des deux langues, arabe et française, et qui raconte l'histoire de deux enfants élevés par la même femme, une pauvre servante Sarrasine. Azur, blond aux yeux bleus, est le fils du maître tandis qu'Asmar, brun aux yeux noirs, est le fils de la nourrice. Et même si cette dernière ne fera aucune différence entre les deux enfants qu'elle nourrira du même amour et bercera au son des mêmes romances arabes, l'injustice des hommes les rattrapera et l'ordre social établi séparera la nourrisse et Asmar, son fils biologique, d'Azur, son fils d'amour. Des années plus tard, Azur est un beau jeune homme, répondant aux critères du prince charmant. Il quittera son père, traversera la mer qui le sépare du pays dont lui avait tant parlé sa nourrice lorsqu'il était enfant et rejoindra cette terre inconnue. Malgré sa double culture, Azur se heurtera à la même discrimination dont avaient fait l'objet, chez lui, sa nourrice et Asmar, son frère de cœur. Bien entendu, cette production prévoit un “happy end” que nous vous laisserons le plaisir de découvrir. Cependant, signalons qu'avec les ingrédients typiques du conte de fées, à savoir un prince charmant, une princesse à délivrer et des dangers à braver, Michel Ocelot arrive tout de même à créer la surprise de la fin et à faire de ces 99 minutes d'images sans sous-titres, un vrai moment de bonheur à consommer à tout âge. Tout en véhiculant en surface un message de tolérance, Azur et Asmar évoque d'une façon plus profonde la difficulté de s'intégrer dans un milieu autre que le sien, mais aussi celle d'accepter les autres chez soi. Mais Michel Ocelot qui a animé, juste après la projection, une séance questions-réponses déclarera qu'il avait choisi de “prêcher la non-tolérance au profit de la décontraction et du plaisir”, dira-t-il. Une façon d'expliquer qu'accepter l'autre ne devrait pas demander un effort de tolérance, mais devrait plutôt être l'expression de l'attitude humaine, naturelle et spontanée. Cette manifestation de trois jours, qui s'est clôturée hier a été organisée par l'Association Patrimoine, MDCINE et l'ambassade de France à Alger, en collaboration avec la Délégation Wallonie-Bruxelles, TV5 Monde, Unifrance et MediAlgeria. Amina Hadjiat