Alors que le parti de l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto décidera aujourd'hui s'il participe ou s'il boycotte les élections législatives et provinciales, prévues pour le 8 janvier au Pakistan, Karachi, la capitale économique, s'est complètement arrêté hier en signe de deuil. Magasins et stations d'essence fermés, mariages annulés, rues désertes, telles étaient les images de la mégalopole du sud du Pakistan, véritable fourmilière d'ordinaire. Ce grand port de plus de 12 millions d'habitants, fief du parti de Mme Bhutto, n'est pas la seule cité pakistanaise à connaître ce sort. La capitale fédérale, Islamabad, et sa jumelle Rawalpindi, Lahore, la mégalopole du nord-est, Peshawar, non loin de la frontière afghane dans le nord-ouest, étaient également paralysées. Au deuxième des trois jours de deuil national décrété par Musharraf, les boutiques étaient toutes fermées, les stations d'essence, les administrations, les banques, les transports publics quasi-inexistants et très peu de voitures circulaient dans les rues. Les personnes cherchaient frénétiquement, en vain à dénicher un magasin d'alimentation ouvert. Des dizaines de milliers de personnes hurlant des slogans contre Musharraf et priant pour Benazir Bhutto défilaient hier à Lahore, la grande ville du nord-est du Pakistan. À Rawalpindi, la grande ville de la banlieue d'Islamabad, la police a dispersé à coups de grenades lacrymogènes quelque 3 000 manifestants qui essayaient de détruire la maison d'un ancien ministre à l'issue d'une prière tout près du parc où Benazir Bhutto a été tuée jeudi soir. Même à Peshawar, la ville du nord-ouest, proche de la frontière afghane, et fief des partis musulmans fondamentalistes, des manifestants ont tenté de détruire des magasins, avant que la police les chasse à coups de grenades lacrymogènes et de bâtons. R. I. /Agences