La méfiance à l'égard du chèque persiste chez les commerçants. L'année 2008 sera celle de la monétique et de l'élargissement de l'utilisation de la carte bancaire. C'est du moins la conviction du délégué général de l'Abef (Association des banques et établissements financiers), M. Abderahmane Benkhalfa, et du directeur général de la Satim (Société d'automatisation des transactions interbancaires et de monétique), M. El-Hadj Alouane, invités lundi soir de l'émission “Sur le vif” de Canal Algérie. L'infrastructure, aujourd'hui, est totalement mise en place, et les Algériens semblent se familiariser avec la carte bancaire. Les personnes interrogées, dans le reportage diffusé lors de l'émission, apprécient ce nouvel instrument qui, pour l'heure, est davantage utilisé dans des opérations de retrait. Cependant, certains évoquent quelques incidents : des distributeurs automatiques de billets parfois en panne ou pas approvisionnés ; l'attente des clients pour obtenir leur carte ; des DAB parfois qui avalent des cartes. Mais l'ensemble estime que la carte bancaire leur apporte “un certain confort”. Tout client, disposant d'un compte dans n'importe quelle banque en Algérie, peut effectuer des retraits 7 jours/7 et 24h/24 sur tous les distributeurs automatiques de billets (DAB) connectés au réseau monétique interbancaire. Cependant, le directeur général de la Satim relativise les incidents signalés. Il estime que 95% des DAB installés sont disponibles. “Un effort considérable a été fait en 2007”, affirme-t-il. M. El-Hadj Alouane explique que le client paye 10 DA le retrait effectué dans un distributeur affilié à sa banque et 15 DA si le retrait est effectué dans un distributeur non affilié à sa banque, quel que soit le montant du retrait. Le volet concernant les cartes de paiement est encore plus complexe parce qu'il faut convaincre les commerçants à s'équiper de terminaux de paiement électronique (TPE). Une partie qui n'est pas gagnée, si l'on s'en tient au témoignage d'un représentant d'Algérie-Poste qui a fait part d'une expérience “infructueuse” de doter les commerçants d'El-Hamiz de TPE. M. El-Hadj Alouane pense le contraire. Il affirme que beaucoup de commerçants sont demandeurs. Un point de vue partagé par M. Abderahmane Benkhalfa. Le délégué général de l'Abef explique que, aujourd'hui, la priorité est de couvrir les commerçants qui exercent dans le formel. Concernant le chèque, la problématique est différente. Le reportage diffusé par Canal Algérie montre une désaffection totale des commerçants pour le chèque. Tous préfèrent le cash. Pour eux, le chèque n'est pas un instrument de paiement fiable. Les commerçants se disent échaudés par les histoires de chèque sans provision et des procédures souvent longues et coûteuses pour obtenir réparation. Résultat : le chèque peine à reprendre sa place, en dépit de l'entrée en vigueur du paiement de masse par télécompensation. Selon M. Abderahmane Benkhalfa, depuis l'entrée en vigueur du paiement de masse par télécompensation en mai 2006, pas moins de 455 000 chèques sont émis quotidiennement. “Il y a une dynamique qui s'installe”, estime- t-il. Le délégué général de l'Abef rappelle certaines dispositions réglementaires pour réduire la pratique frauduleuse d'émission de chèques sans provision. Il faut savoir qu'en cas d'incident commis par l'émetteur du chèque (rejet du chèque pour insuffisance ou absence de provision), la banque informe aussitôt la centrale des impayés de la Banque d'Algérie sur cet incident. S'il s'agit d'un premier incident de paiement, la banque exige de l'émetteur de constituer la provision dans un délai de 10 jours. Si cette procédure s'avère infructueuse ou que l'émetteur du chèque récidive, ce dernier sera frappé d'interdiction d'émettre des chèques pour une durée pouvant aller jusqu'à 5 années, accompagnée de paiement de pénalités. Mais au-delà, M. Abderahmane Benkhalfa reconnaît que notre pays est encore sous-bancarisé. Avec un point bancaire pour environ 29 000 habitants, l'Algérie est encore très loin des normes internationales. M. R.