Les investissements étrangers directs ont battu, l'an dernier, leur record de l'an 2000, mais l'année en cours pourrait être celle d'un coup de frein, a estimé hier la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced). Les investissements transnationaux ont atteint l'an dernier le chiffre record de 1 538 milliards de dollars, selon les premières estimations communiquées par la Cnuced. Le record de l'an 2000 (1 400 milliards), juste avant l'éclatement de la bulle Internet, est ainsi battu à la faveur d'une hausse moyenne de 18%. L'investissement a profité de la hausse des bénéfices des entreprises multinationales, qui ont procédé à un grand nombre de fusions et acquisitions, a relevé la Cnuced. Les Etats-Unis sont restés le premier pays d'accueil des investissements internationaux, avec 193 milliards de dollars, mais avec une progression relativement lente de 10%. Le Royaume-Uni arrive en deuxième position (171 mds, +22%), devant la France, qui, avec 123 milliards, signe un bond de 52% par rapport à 2006. Pour 2008, l'organe onusien a mis en garde contre “plusieurs risques” qui pourraient avoir un effet “réfrigérant” sur les flux de capitaux, notamment la hausse du prix des matières premières, l'inflation, la hausse des taux d'intérêt et les fortes variations des taux de change. Le risque d'une récession américaine pourrait inciter les investisseurs à la prudence, même si la crise de l'immobilier à risque a pour l'heure eu peu d'effet sur les flux à destination des Etats-Unis, selon la Cnuced. La faiblesse du dollar a, en effet, rendu l'économie américaine attirante aux yeux des investisseurs internationaux en 2007. Globalement, les pays développés ont continué l'an dernier à se tailler la part du lion des investissements transfrontaliers, avec les deux tiers du total (+17%). L'Union européenne à 25 a accueilli à elle seule 40% des investissements mondiaux, avec une hausse de 15%. La hausse de l'investissement est un peu moindre à destination des pays en développement (+16%). Les chiffres de la Cnuced révèlent un tassement des entrées d'investissement à destination des deux géants asiatiques que sont la Chine (-3% à 67 mds) et l'Inde (-9% à 15 mds). La Cnuced décèle un “glissement” au profit de l'Asie du Sud-Est, avec des progressions de plus de 50% par exemple à destination du Singapour et de la Malaisie. Vers les pays en transition (ex-URSS et sud-est de l'Europe), la progression est restée soutenue (+41%), la Russie bénéficiant à elle seule de l'arrivée de 49 milliards, soit une hausse de 70%. Les perspectives pour la Russie sont affectées toutefois par le resserrement de la réglementation sur les ressources naturelles de ce pays ainsi que par les polémiques qui entourent l'environnement, selon la Cnuced. En Amérique latine, les arrivées d'investissements étrangers ont pratiquement doublé à destination du Brésil, du Mexique et du Chili, avec une hausse moyenne de 50% pour l'ensemble du continent. En Afrique, l'investissement a stagné, mais à un niveau relativement élevé grâce à la bonne tenue des matières premières, selon la Cnuced, qui note que l'Egypte, le Maroc et l'Afrique du Sud ont été les principaux bénéficiaires du mouvement.