En demandant aux deux parties en conflit de faire preuve de “volonté politique”, l'envoyé personnel du SG de l'ONU ne respecte pas le contenu des résolutions du Conseil de sécurité, lesquelles insistent sur le droit à l'autodétermination des Sahraouis, contrairement au Maroc qui veut imposer son plan d'autonomie. Tout indique que ce nouveau chapitre des discussions entre le Maroc et le Front Polisario ne fera pas évoluer le processus mis en branle par l'ONU pour régler le conflit. À voir le discours tenu par l'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies, le Néerlandais Peter van Walsum, à l'ouverture des négociations, il ne faut pas s'attendre à des progrès. En insistant sur le fait que “si les Nations unies sont là pour faciliter les discussions par tous les moyens possibles, il était du ressort des parties de trouver une solution”, le représentant onusien laisse entendre qu'aucune pression ne sera exercée sur le Maroc pour respecter la légalité internationale. En effet, alors que Rabat persiste dans sa fuite en avant en refusant toute autre option que l'autonomie en violation des résolutions de l'ONU, qui stipulent clairement que le règlement du conflit passe par une solution prenant en compte le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, Peter van Walsum ne fait rien pour amener le Maroc à modifier sa position. C'est à croire que l'Organisation des Nations unies qui, certes, n'a pas autorité pour imposer quoi que ce soit aux parties en conflit, ne prend même pas la peine de les orienter vers le respect de la légalité internationale. C'est juste si elle leur recommande de mettre à profit ce rendez-vous pour progresser dans leurs discussions, comme l'indique l'appel du secrétaire général au Maroc et au Front Polisario à “faire plein usage de cette semaine de pourparlers pour commencer à s'orienter vers une phase de discussions plus intensive et substantielle”. Et pourtant, le 31 octobre dernier, le Conseil de sécurité avait demandé aux parties de “poursuivre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi”, balayant la position marocaine figée sur l'option de l'autonomie, qui constitue une condition préalable. Dans son discours d'ouverture, le chef de la délégation marocaine, et néanmoins ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, a réitéré que Rabat n'accepte que “d'engager des négociations au sujet de l'autonomie dans la région du Sahara marocain, dans le respect de la souveraineté du royaume, de son unité nationale et de son intégrité territoriale inaliénable”. Il ne peut exister de pire condition préalable que celle-là, bafouant les recommandations des résolutions du Conseil de sécurité, avec la complicité bien connue de l'axe Paris-Washington. Devant cette rigidité marocaine, à vouloir imposer sa propre solution, et la menace des Sahraouis de reprendre les armes en cas d'échec des négociations, le conflit n'est pas près de connaître son épilogue. Et l'ONU en portera la responsabilité par sa complaisance envers le Maroc, auquel il laisse le champ libre pour transgresser ses résolutions. K. ABDELKAMEL