Selon une source au fait de la situation sécuritaire, certains ex-condamnés dans le cadre des affaires de terrorisme, bien qu'ils restent en arrière-plan, ne sont pas étrangers à cette campagne de recrutement indirect au profit du GSPC. Plusieurs parents de jeunes ex-détenus de droit commun sont depuis quelques jours de plus en plus inquiets à propos des nouvelles fréquentations de leur progéniture. Selon nos sources locales au niveau de plusieurs grandes villes du pays, ces jeunes auraient été approchés par d'autres ex-détenus pour se joindre à des séances de prédilection, sous forme des fameuses halakate, entre les deux dernières prières de la journée, soit El-Maghreb et El-Icha. Selon nos mêmes sources, le phénomène date d'au moins un mois. Tout a commencé quand des ex-détenus, ayant fait la prison dans le cadre des affaires de droit commun, délits notamment, furent ciblés par d'autres ex-détenus, eux aussi de droit commun, “prêchant la bonne parole”. Ces prédicateurs, pourtant non initiés, proposaient à leurs cibles el-iltizam, soit le respect des préceptes de la religion tel l'accomplissement des rites, pour les extraire de la délinquance. Jusqu'à la semaine dernière, ces parents étaient partagés quant à l'altitude à prendre vis-à-vis de cette situation. Si pour une minorité, il y avait anguille sous roche, pour la majorité, ce n'était qu'un phénomène de jeunesse. C'est quand des invitations à assister à des rencontres de prédilection, sous forme de halakate, entre les deux prières d'El-Maghreb et d'El-Icha ont été lancées ces derniers jours que l'inquiétude s'est installée. La hantise de l'instrumentalisation et du recrutement de leurs enfants par les réseaux terroristes s'est emparée d'une grande partie d'entre eux. Pour ces derniers, il n'y a aucun doute sur les intentions des commanditaires de ce “travail au corps de leurs enfants”. La piste d'un mouvement de recrutement des délinquants de l'underground de la cité, initié par des courants fondamentalistes, comme ce fut le cas durant la fin des années 1980, est privilégiée. À l'époque, des dizaines de petits délinquants se sont retrouvés, malgré eux, engagés dans la subversion puis dans les actions terroristes. Nos sources locales avancent, d'ailleurs, plusieurs points de similitude avec les opérations menées il y a 20 ans dans les grandes villes du pays comme Alger, Annaba et Constantine. Selon une source au fait de la situation, certains ex-condamnés dans le cadre des affaires de terrorisme, bien qu'ils restent en arrière-plan, ne sont pas étrangers à cette campagne. Elle cite le cas de Constantine. Dans cette ville, près de 300 ex-détenus dans le cadre des affaires liées au terrorisme et graciés en vertu de la Charte sur la paix et la réconciliation nationale, ont quitté la prison constantinoise de Boussouf durant ces deux dernières années. Une bonne partie d'entre eux, une fois hors de leurs quartiers de haute sécurité, n'ont jamais rejoint leur domicile. Selon des sources au fait du dossier, une dizaine d'entre eux s'est volatilisée. Certains de leurs parents se seraient même rapprochés des services compétents pour les alerter de ces disparitions. Mohamed Ben Messaoud