La place du 1er-Novembre, point de rassemblement spontané des Oranais, offrait l'aspect d'une ville assiégée. De nombreuses familles ayant abandonné leurs habitations y ont pris leurs quartiers. La ville d'Oran a été secouée, dans la nuit de mercredi à jeudi, par un séisme de magnitude de 5,3, suivi de deux répliques de 3,5 et 3,3, sur l'échelle de Richter. L'épicentre de ces secousses telluriques a été localisé à 32 km au sud-est de la wilaya d'Oran. La première secousse, survenue à 23h24, a aussitôt provoqué une grande panique. La population, prise de peur, a investi les places publiques et les lieux excentrés de la ville. Au niveau des zones d'habitations urbaines, ce fut la précipitation indescriptible de centaines de familles. La place du 1er-Novembre, point de rassemblement spontané des Oranais, offrait l'aspect d'une ville assiégée. De nombreuses familles ayant abandonné leurs habitations y ont pris leurs quartiers. Dans les cités à forte concentration humaine, les riverains quittent leurs domiciles sans crier gare. Ils se retrouvent par petits groupes loin des immeubles. Des citoyens paniqués, convergent vers la place du 1er-Novembre à bord de leurs véhicules. D'autres familles issues des quartiers délabrés de Saint-Autoine, de Derb, de M'dina J'dida, de Saint-Pierre, de Sidi Houari, de Saint-Eugène et d'El-Hamri, éliront domicile sur les différentes places publiques. L'esplanade de Front de mer, d'habitude déserte à cette heure de la nuit, grouillait de monde. Les riverains s'y sont installés pour une longue nuit. Des enfants en bas âge et des bébés sont parqués au chaud à l'intérieur des voitures. Au 24 bd Froment-Coste, 14 familles, où une centaine de personnes, ont vécu le calvaire. En état de ruine, leur habitation de style “haouch” est dangereusement fissurée. Alertés, les éléments de la Protection civile se rendent sur les lieux pour constater les dégâts. “Nous avons été fortement secoués par la première secousse. Des pans entiers de murs brinquebalants se sont écroulés. À présent, nous sommes livrés à nous-mêmes sous une tente de fortune”, témoigne M. Zoulati Abdelkader. Plusieurs habitations n'ont pas résisté à la puissance de la première secousse tellurique. Au quartier de Derb, qui compte une centaine de bâtisses menaçant ruine, les familles ont préféré quitter leurs logements précaires pour la place du 1er-Novembre où ils passeront la nuit. Le spectacle se passe de tout commentaire. Des hommes s'embrassaient et se donnaient des accolades dans une effusion de compassion. Des scènes dignes de récits apocalyptiques. La charge émotionnelle est telle que des jeunes, la gorge nouée, implorent le pardon divin. Des cités nouvellement construites sont, elles aussi, ébranlées par les deux autres secousses telluriques de magnitude 3,5 et 3,3 (à 00h56 et 01h03). Elles forceront les récalcitrants à abandonner leur habitation. “Les bibelots et les objets de porcelaine sont tombés de l'argenterie. Le sol semblait se dérober sous nos pieds. Nous avons eu juste le temps de prendre quelques effets et nous rendre chez nos parents”, affirme une femme accompagnée de ses enfants. Pour elle comme pour des centaines de riverains, le regroupement familial renforce les liens en pareille situation. “Au moins nous mourrons avec nos parents et nos proches si telle est la volonté du Tout-Puissant”, réplique une autre mère de famille. Pour parer à toute éventualité, les forces de sécurité patrouillaient dans les quartiers périphériques. Aux premières lueurs de l'aube, les citoyens, les yeux rougis par une nuit blanche, regagnèrent leur habitation. Les interventions de la Protection civile qui se sont poursuivies toute la nuit n'ont déploré, heureusement, aucune victime. K. RegUieg-Yssaâd