L'éloignement, la densité de la population, le nombre de communes par wilaya et la souveraineté sont les critères pris en considération par le département de Zerhouni. L'objectif étant d'arriver à une gestion administrative décentralisée des affaires courantes et, partant, à la gestion transparente et souple des projets d'investissement pour le développement local. Le nouveau découpage territorial entrera en vigueur dans quelques mois. Probablement au premier semestre de l'année 2008. Selon une source digne de foi, l'Algérie passera de 48 à près de 70 wilayas, soit 17 nouvelles circonscriptions, entre wilaya et wilaya déléguée. En effet, de grandes communes déjà élevées au rang de daïras pourront connaître un nouveau statut, soit de wilayas, soit de wilayas déléguées, alors que de nouvelles wilayas verront le jour à la faveur du projet paraphé par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Du coup, cette nouvelle carte mettra fin au découpage électoral de 1984 qui a consacré 48 wilayas et 1 541 Assemblées populaires communales, dont certaines arrivent à peine à gérer les petits projets, sinon les affaires courantes avec un rythme aussi lourd que bureaucratique. Le projet examiné de fond en comble – ce qui justifie par ailleurs le retard de sa mise en vigueur – sera soumis pour approbation très prochainement. À la faveur du rapport final de la réforme de l'Etat, un rapport paraphé par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, il est aujourd'hui plus que nécessaire, voire urgent, de définir un nouveau statut des grandes daïras de l'ancien découpage qui n'a plus lieu d'être. Le projet de Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur, repose sur quatre principaux critères : l'éloignement des grandes daïras du chef-lieu de wilaya, la densité de la population, le nombre de communes par wilaya et la souveraineté. Il est irrationnel, nous dit-on, de gérer une wilaya qui compte 1 million d'habitants. La norme étant de 500 000 habitants, plusieurs régions du pays bénéficieront ainsi de statut de wilaya délégué ou carrément de wilayas, à l'exemple de Tizi Ouzou, Béjaïa, Sétif, Alger, pour ne citer que ces circonscriptions où le taux d'habitants par kilomètre carré dépasse parfois les 100%. Mais il y a aussi l'éloignement. Des daïras, comme In Guezzam et In Salah, respectivement situées à 460 et 750 km du chef-lieu de Tamanrasset ne peuvent plus supporter le poids de l'éloignement, voire de l'enclavement dans lesquels elles se trouvent depuis 1962. Sur le plan administratif, il est indiqué que la norme étant de 10 à 20 communes par wilaya déléguée et de 20 à 40 communes par wilaya. Or, il se trouve certaines régions de l'Algérie, à l'exemple de Béjaïa, Tizi Ouzou ou Médéa qui comptent, chacune d'elles, entre 45 et 60 communes. En ce sens, le département de Zerhouni compte désengorger ces wilayas en consacrant des wilayas déléguées, d'une part, et si nécessaire, il sera procédé à “la révision géographique” de toute la région. Par ailleurs, les grandes daïras situées sur les zones frontalières sont concernées par le nouveau découpage, sans pour être autant totalement détachées des wilayas d'origine. Autrement dit, elles bénéficieront du rang de wilaya déléguée, et pour certaines communes en expansion du rang de daïra. Cela va sans dire que le ministère de l'Intérieur aura du pain sur la planche en ce qui concerne les grandes villes, à l'image du Grand-Alger, de Constantine, d'Oran et de Annaba. “Capitales politique, économique et commerciale”, ces grandes villes seront également concernées par ce découpage qui devra être, très prochainement, annoncé. Selon notre source, l'opportunité de passer à ce nouveau découpage obéit à plusieurs raisons tant conjoncturelles que prévisionnelles. D'abord, il y a l'opportunité à la faveur du nouveau code communal et de wilaya qui devra, selon notre source, accorder plus de prérogatives aux élus locaux. Ensuite, il y a les lenteurs et les retards accusés dans l'achèvement des grands projets d'investissement ainsi que le manque de transparence dans la gestion du développement local. Mais aussi, il y a l'enclavement et l'isolement de certaines régions que le progrès ne touche plus depuis des années. Cela étant dit, certaines collectivités locales sont arrivées au seuil de saturation, notamment en matière de routes, infrastructures de base et vitales ainsi que le facteur démographique loin d'être maîtrisé par les pouvoirs publics. FARID BELGACEM