Le coup d'envoi de la protestation contre l'avant-projet du statut particulier est donné par le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), qui a décidé de faire cavalier seul pour la journée d'aujourd'hui et de demain. La grogne des travailleurs sera portée, par ailleurs, deux jours après, plus précisément le 15 janvier, par la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique qui dénoncent l'inflation et la nouvelle grille des salaires. Rassemblés autour des mêmes revendications, les syndicalistes tiennent tous le même discours : “Notre pays est riche, mais le peuple est pauvre. On est rémunéré en dinars, mais on dépense en euros”. En août 2007, rappelons-le, la flambée des prix de première nécessité a créé une situation qui annonçait une crise à la veille de la rentrée sociale qui a coïncidé avec le mois sacré de Ramadhan. “Ceux qui sèment la misère récoltent la colère”, disait le défunt Redouane Osmane, ex-secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger, suite à cette annonce. Le gouvernement, pour sa part, a appelé les partenaires socioéconomiques à une réunion tripartite ayant permis d'établir la nouvelle grille des salaires, et a promis que les augmentations de salaires auront lieu en janvier 2008, ainsi que la finalisation du projet de loi du statut particulier avant la fin de l'année 2007. On est presque à la mi-janvier et aucun signe des augmentations ; quant à l'avant-projet du statut particulier, les fonctionnaires ont exprimé leur colère, notamment dans le secteur de l'éducation où plusieurs syndicats ont reçu une copie du nouveau statut particulier, la dernière semaine de l'année 2007. Au moins une promesse tenue par le secteur de l'éducation nationale. Qualifiant l'avant-projet de “coquille vide”, les syndicalistes se disent déçus par les propositions du département de Benbouzid qui n'a pas pris en considération les propositions des syndicats autonomes. En effet, l'avant-projet du statut particulier des travailleurs de l'éducation nationale, dont nous avons une copie, est composé de neuf chapitres repartis sur 64 pages. Dans son contenu, l'avant-projet définit le statut particulier des travailleurs de l'éducation ainsi que la nouvelle grille des salaires tant attendue par les fonctionnaires de l'éducation qui devrait être effective d'ici le mois de février. Selon le nouveau statut, les points indiciaires ont été revus à la hausse, ils sont passés de 20 DA à 50 DA ; ce qui explique l'augmentation des salaires qui est de 5 000 DA pour les directeurs des établissements primaires, 6 000 DA pour les directeurs du palier moyen et de 8 000 DA pour les directeurs de lycée. Concernant les professeurs des trois paliers, leurs salaires sera augmenté de 5 000 DA à 4 000 DA. Cependant, les syndicalistes reprochent au département de Benbouzid de n'avoir pas pris en considération des points proposés par plusieurs syndicats, comme celui de la réduction des heures d'enseignement. D'ailleurs, aucun changement n'a été apporté à ce sujet. Les heures de travail sont restées de 30 heures pour le premier palier, de 26 heures pour le second et de 18 heures concernant le secondaire. Par contre, le poste de vice-directeur a été créé mais, ce dernier doit assurer également les cours à ses élèves en dehors de son travail de gestion. Ce qui surcharge les heures de travail pour ces derniers. Au sujet de la notation et l'évaluation de l'enseignant, l'article 43 de l'avant-projet du statut particulier des travailleurs de l'éducation nationale offre, pour la première fois, le droit au professeur de faire un recours dans le cas où il ne serait pas satisfait de l'évaluation effectuée par le directeur de l'établissement. Selon l'avant-projet, cet article protège les professeurs de tout abus de pouvoir de la part de la direction de l'établissement scolaire. Au sujet de la filière des enseignements technique et technicum, qualifiée par le document de série “en voie de disparition” et soulignée en rouge, il prévoit deux possibilités pour les enseignants techniques : devenir assistant de professeur PES ou bien agent de laboratoire sans possibilité de promotion. Par ailleurs, le ministère de l'Education nationale a durci le neuvième volet qui concerne le système de sanctions ; il menace de sévères représailles contre les enseignants qui feront dans la rétention des notes des élèves utilisée comme moyen de pression par les syndicalistes et ceux qui refuseront de participer au conseil organisé par l'établissement scolaire, ainsi qu'à des formations ou d'encadrer et de former les débutants. Ce dernier chapitre a été considéré par les syndicats autonomes comme un avertissement et une menace aux libertés syndicales. Nabila Afroun