Abou Jendel et abou Mouslim, Mauritaniens, ont été menottés au Bissau Palace Hôtel, un cinq étoiles de Bissau. Ils voulaient rejoindre Alger via Conakry. La toile terroriste en Afrique de l'Ouest sous la franchise Al-Qaïda, se confirme avec l'arrestation en Guinée-Bissau de deux des assassins des touristes français en Mauritanie. Les deux présumés sont considérés par les autorités mauritaniennes comme proches d'Al-Qaïda. Il s'agit de Sidi Ould Sidna (Abou Jendel), d'une vingtaine d'années, arrêté en novembre 2006 pour appartenance à un groupe terroriste, puis relâché dans le cadre de la clémence et aussi faute de preuves tangibles en juillet 2007. Abou Jendel, annonce aujourd'hui la police mauritanienne, a subi des entraînements militaires dans les maquis du GSPC algérien, rebaptisé Branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Baqmi). Il était, selon les mêmes sources, chargé du recrutement de jeunes Mauritaniens qui devaient aller combattre en Somalie. La police mauritanienne a déclaré que le terroriste demeurait sous le coup d'une inculpation pour tentative de fuite organisée de la prison civile de Nouakchott. L'autre terroriste neutralisé est Mohamed Ould Sidi Chabarnou (Abou Mouslim), plus âgé que le premier mais de nationalité mauritanienne comme lui. Abou Mouslim n'a jamais été jugé mais plusieurs fois interpellé, dont la dernière interpellation remonte à seulement trois mois. Il a alors été placé en garde à vue pendant un mois avant d'être relâché sans être présenté à la justice. Selon la police de Nouakchott, il aurait, lui, tout comme son comparse, des relations avec le GSPC et reçu des entraînements militaires dans ses camps. Les deux hommes sont également connus dans des affaires de délinquance, a ajouté la police. Maarouf Ould Haiba, le troisième assassin présumé, toujours en fuite, serait une recrue des groupes terroristes de fraîche date. Il est poursuivi en Mauritanie pour le vol d'une voiture d'une Russe résidant en Mauritanie, qu'il a vendue en utilisant des papiers au nom de sa propre compagne, laquelle est actuellement sous contrôle judiciaire. L'enquête, selon la presse française, est menée conjointement par les polices mauritanienne, sénégalaise, de Guinée Bissau et les services de renseignements français. Le groupe, qui a tué quatre touristes français le 24 décembre, près d'Aleg dans le sud de la Mauritanie, a pris la fuite par route vers le Sud et traversé, en pirogue, au niveau de Boghé, le fleuve Sénégal, qui matérialise la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal. Ils auraient, dans un premier temps, voulu se rendre au Mali voisin, mais le dispositif mis en place par la gendarmerie sénégalaise les a dissuadés. Ils se sont alors dirigés vers Richard-Toll, Saint-Louis puis Dakar, selon des sources françaises, qui précisent qu'ils étaient filés par les enquêteurs dans leur fuite. À Dakar, ils ont séjourné chez un de leurs amis à Yoff, un quartier populaire, selon la police bissau-guinéenne. Après quatre nuits, ils prirent la route pour la Gambie, petit pays anglophone enclavé dans le Sénégal, où ils ont été hébergés par des Mauritaniens. Là, les trois terroristes devaient rejoindre un responsable islamiste, un homme d'affaires, qui était en voyage en Guinée-Bissau. Ils ont donc pris de nouveau la route, traversé la Casamance, le sud du Sénégal, puis sont entrés en Guinée-Bissau où ils ont logé au Bissau Palace Hôtel, un hôtel cinq étoiles, près de l'aéroport de la capitale, se faisant passer pour des hommes d'affaires. Selon la police de Bissau, ils ne sont pas sortis de l'hôtel, attendant, peut-être, un contact ou des instructions. Ils voulaient ensuite rejoindre Conakry, capitale de la Guinée, d'où ils comptaient prendre l'avion pour l'Algérie. Les deux hommes n'ont opposé aucune résistance à leur arrestation. Alors qu'était annoncée l'arrestation des deux terroristes, à l'appel d'une trentaine de partis politiques, majorité et opposition confondues, plusieurs milliers de manifestants ont sillonné la principale artère du centre de Nouakchott pour dénoncer le terrorisme, avec des banderoles où on pouvait lire : “Tous unis contre le terrorisme ; Non à l'extrémisme, La Mauritanie restera une terre de paix”. Des marches similaires ont été organisées dans des villes de l'intérieur du pays. D. Bouatta