Bush ne va pas obtenir l'appui des monarchies du Golfe pour sa nouvelle croisade contre l'Iran. Le président américain devait essayer de mobiliser ses interlocuteurs sur une éventuelle guerre contre Téhéran qu'il accuse de chercher à se doter de l'arme nucléaire. Les Saoudiens qui, d'une façon ou d'une autre, tirent le char du CCG (Conseil de coopération du Golfe, regroupant les monarchies dans cette région face à l'Iran) ont dénié au président américain le droit de se servir de l'Arabie Saoudite et, partant, de tout le Golfe, dans sa croisade. “Nous refusons d'être utilisés pour déclencher des guerres ou des tensions avec l'Iran d'autant qu'il est possible de régler l'affaire par les moyens diplomatiques et par le dialogue”, a écrit le quotidien Al-Riyad qui, à l'instar des autres journaux saoudiens, exprime le point de vue des autorités, lorsque Bush a foulé le sol koweitien. Cet avertissement résume la réticence dans les monarchies du Golfe à un nouveau conflit armé, voire à l'aggravation de la tension, dans la région en raison des velléités de Bush de casser l'Iran. Le CGC est d'autant plus contre les ambitions de Bush que, d'une part, les propres services de renseignements américains, au nombre de 16, ont fini par admettre que l'Iran avait abandonné son programme de recherche nucléaire à des fins militaires en 2003, et, l'Iran s'est considérablement rapproché de ses voisins arabes, d'autre part. Le dernier sommet du CCG, qui s'est déroulé à Doha, avait accueilli à bras ouverts Ahmadinedjad qui lui a proposé un pacte de stabilité régionale. Riyad devait auparavant dérouler le tapis rouge sous les pieds du président iranien. Bush en entamant son périple au Koweït devait ainsi se rendre compte qu'il ne sera pas suivi malgré son entêtement et ses discours alarmistes, destinés à ses yeux, à assurer ses alliés arabes de la détermination américaine à contenir la “menace” de l'Iran. Sauf imprévu, il n'obtiendra pas leur soutien à sa politique de l'Iran surtout qu'il avait affirmé depuis Jérusalem, première étape de sa tournée moyen-orientale, “toutes les options étaient sur la table” concernant l'Iran. Si le président américain veut obtenir la solidarité de tous les Arabes avec ses orientations, il devra s'attaquer au plus important, en l'occurrence une approche rationnelle de la question de la paix avant de se préoccuper d'un danger que le renseignement américain a qualifié d'inexistant, du moins à court terme, a-t-on fait savoir dans les pays du Golfe et en Arabie Saoudite. Il a même été ajouté : “Le danger supposé de l'Iran ne minimise pas le danger réel d'Israël, classé parmi les dix pays dotés de l'arme nucléaire dans le monde.” Après avoir annoncé à Jérusalem et à Ramallah faire avancer un accord de paix israélo-palestinien, Bush s'est rendu au Koweït, avant de rejoindre hier Bahreïn et aujourd'hui les Emirats arabes unis. Demain, il sera en Arabie Saoudite et tout de suite après en Egypte. Une virée en Irak n'est pas exclue.