C'est une vieille tradition que de célébrer le nouvel an berbère à Mila, Ras el am est le vocable le plus utilisé pour désigner cet événement annuel. Mais des termes comme “Guennar,Yennar” sont également d'usage dans les régions montagneuses du nord de Mila. S'il est difficile de remonter jusqu'aux origines de cette tradition, il n'en demeure pas moins qu'elle est fort ancrée dans la mémoire collective et les mœurs de la région. Concernant sa célébration, elle intervient vers le milieu de janvier. Dans ce sens, une vieille femme âgée de 84 ans affirme : “Nous avons toujours célébré Ras el am deux semaines après le nouvel an fêté par la communauté européenne installée dans la région à l'époque coloniale.” Durant la petite recherche entreprise sur le sujet, on a pu avoir des réponses précises quant à la date de cet événement comme : “C'est en janvier qu'on fête Ras el am.” Mais la majorité des personnes interrogées fixe la fête de Guennar ou Yennar vers le milieu de janvier, comme cela est le cas en grande Kabylie. D'ailleurs, la population locale de Mila s'identifie comme étant une descendance de la puissante tribu berbère des Kotamas qui a régné dans la région à partir du XXIVe siècle. Mais à la différence des régions du pays, où le nouvel an berbère est célébré à Mila, hormis le copieux dîner du jour de la fête, aucun autre rite à caractère culturel ou religieux n'est connu. Toute la fête est réduite à l'aspect culinaire. En effet, f'tir, m'samen, maârak, ftat, des vocables renvoyant au menu signifié, sont pratiquement connus dans toute la région. Ce sont des mets faits de feuilles de semoule de blé fines jusqu'à la transparence qu'on émiette une fois cuites et qu'on sert avec de la dinde ou du poulet. Cette spécialité propre à Ras el am est d'une préparation délicate. Aussi, la ménagère doit avoir une certaine habileté pour la réussir. Les feuilles de f'tir, de forme circulaire d'une certaine étendue, sont cuites sur un tadjine semi-sphérique installé sur un autre feu nourri. Aussi, la ménagère doit faire preuve de rapidité et développer des réflexes pour poser correctement les délicates pièces de pâte sur le dos du four, appelé, d'ailleurs, “tadjine namra” (la tigresse), en hommage à l'habile femme qui l'utilise. K. Bouabdellah