Depuis l'attentat de Batna qui a visé le président de la République, il n'était en effet plus question de badiner avec la sécurité. Tout le système de protection du premier magistrat du pays a été revu de fond en comble pour lui donner une efficacité maximale. On voudra pour preuve la visite de Bouteflika à Tamanrasset, qui a connu une mobilisation sans précédent de tous les services de sécurité. Le report de la visite officielle que devait normalement effectuer, aujourd'hui, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à Constantine, ne peut vraisemblablement pas faire l'économie d'une franche explication si l'on veut sortir indemne de cette grosse frayeur que colporte déjà la rumeur dans la capitale de l'Est. Si la vox populi commence à se perdre en conjectures, elle fonde quand même son soupçon sur une dégradation certaine des conditions sécuritaires pour en faire la principale raison du faux bond que vient de faire Bouteflika à une ville qui a mis les petits plats dans les grands pour donner le coup de starter à la campagne du troisième mandat. Les raisons de cette annulation peuvent être nombreuses et peuvent s'inscrire tout naturellement dans un agenda présidentiel sans cesse bousculé ou encore dans des petits soucis de santé, sans lendemain, enfin… dans une dimension calendaire qui dicte ses humeurs selon les priorités du moment. Nombreux à Constantine sont ceux qui estiment dans cette veine que le président de la République a préféré éviter l'effervescence qui domine ces jours-ci certains quartiers pour cause de relogement au pas forcé. N'est-ce pas qu'une telle atmosphère ne se prête guère à une liesse populaire censée asseoir définitivement l'idée d'un troisième mandat pour le président de la République ? Mais une telle hypothèse ne fait guère le poids devant l'argument sécuritaire qui puise sa force dans le veto supposé avoir été opposé par la sécurité présidentielle au bain de foule que voulait faire le premier magistrat du pays dans une ville, dont la sécurisation est autrement plus compliquée qu'à Tamanrasset et In salah. Investir une telle grille de lecture reste, en effet, séduisant si l'on sait, par exemple, que des éléments des services de la Présidence ont passé quand même une semaine à Constantine pour coordonner avec les autorités locales, civiles et militaires, les efforts de sécurisation de la visite de Abdelaziz Bouteflika. Depuis l'attentat de Batna qui a visé le président de la République, il n'était, en effet, plus question de badiner avec la sécurité. Tout le système de protection du premier magistrat du pays a été revu de fond en comble pour lui donner une efficacité maximale. On voudra pour preuve la visite de Bouteflika à Tamanrasset qui a connu une mobilisation sans précédent de tous les services de sécurité. Et si dans le Sud, le Président s'est permis des bains de foule, il faut bien reconnaître qu'il est relativement aisé de quadriller une ville comme Tamanrasset à grands renforts d'hélicoptères et de gros contingents des services de sécurité. Et encore sur le chapitre populations, Tamanrasset ou In Salah sont loin de soutenir la comparaison avec la capitale de l'Est. C'est dire qu'un bain de foule à Constantine, au moment où l'ex-GSPC a montré qu'il ne reculera devant rien pour déstabiliser le pays, semble pour nombre d'observateurs le moins indiqué pour Abdelaziz Bouteflika. D'autant plus que les services de sécurité sont au premier rodage du nouveau système de sécurité annoncé dernièrement par le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, à supposer bien sûr que ce système censé s'adapter efficacement au nouveau modus operandi des groupes terroristes (attentats kamikazes) est déjà opérationnel. L'évaluation des risques Et donc, si l'on gage que la visite du président de la République à Constantine a été annulée pour des raisons sécuritaires, il faut bien admettre que les services de la Présidence ne se sont rendu compte de l'ampleur de la tâche, voire du risque qu'ils allaient faire courir au Président qu'une fois sur le terrain. Car si l'évaluation du risque procédait dès le départ d'une analyse globale de la situation sécuritaire dans les grandes villes du pays, la visite de Abdelaziz Bouteflika à Constantine n'aurait jamais été programmée. Sauf à supposer que le président de la République avait décidé, après l'expérience du Sud couronnée de succès, de donner une tournure de campagne électorale à sa sortie constantinoise, exigeant bien sûr un contact direct avec la population. Ce qui reste plausible, au vu du comité populaire qui s'était mis en place dans l'antique Cirta, brassant large dans le spectre partisan, dans la famille révolutionnaire, le mouvement associatif, les personnalités locales pour donner corps à la candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un troisième mandat. Un comité populaire qui n'entrait pas seul dans la danse puisque dans cette foulée, ce sont les comités de soutien au programme du président de la République qui avaient été réactivés. Sans parler, bien sûr, des autorités locales qui voulaient inscrire l'escale présidentielle de Constantine dans l'élan de Tamanrasset et In Salah, où Abdelaziz Bouteflika avait pour la première fois fait entrevoir sa sensibilité aux sollicitations à travers une phrase qui n'était pas aussi sibylline qu'on pouvait le penser. C'est vrai qu'on peut faire dire ce qu'on veut à la réponse, “les choses sont claires”, lancée par le président de la République quand il a été interpellé sur ses intentions pour la prochaine présidentielle. Mais qu'à cela ne tienne, Bouteflika était sorti enfin de son mutisme, et cela peut vouloir dire tout, sauf peut-être à démentir l'effervescence qui s'était emparée du FLN et des organisations qui battent déjà campagne. Cependant, on aurait dit que le report de la visite présidentielle à Constantine est tombé comme un cheveu dans la soupe. Du moins, si l'on vient à admettre que le facteur sécuritaire va grandement contribuer à tout le moins à une certaine prudence, risquant de freiner quelque peu l'élan du Sud et prolonger le suspense sur l'éventualité d'un départ effectif d'une précampagne électorale similaire à celle de 1999 et 2004. Il ne faut pas oublier que les meetings et les bains de foule restent incontournables dans une campagne électorale, de surcroît présidentielle. Et il se trouve que c'est en ces moments précis qu'une personnalité est la plus vulnérable. Le tragique événement qui a coûté la vie à Benazir Buttho est édifiant à ce propos. N'est-ce pas que cette personnalité a été visée par deux fois lors de meetings par des attentats kamikazes. Cette expérience a été d'ailleurs déjà vécue par Abdelaziz Bouteflika à Batna. Et il n'est pas dit que ceux qui l'avaient visé dans la capitale des Aurès ne recommenceraient pas. Zahir Benmostepha