Le Conseil de sécurité a fermement condamné ce samedi l'attentat suicide de Dellys. L'ambassadeur de France aux Nations unies, Jean-Maurice Ripert, qui préside ce mois-ci le Conseil de sécurité, a rappelé que les membres du conseil avaient déjà condamné vendredi “tous les actes terroristes” après l'attentat de jeudi ayant visé le cortège du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en visite officielle dans la wilaya de Batna. M. Ripert prendra le soin de rappeler, dans un communiqué rendu public hier, que “cette condamnation doit bien évidemment être réitérée avec vigueur après le nouvel attentat odieux qui a été commis ce jour dans la ville de Dellys. C'est donc dirions-nous avec le sentiment du devoir accompli que le président (pour ce mois-ci) du Conseil de sécurité ferme la parenthèse des attentats suicide en Algérie”, en attendant bien sûr, qu'à Dieu ne plaise, un autre rebondissement. Une condamnation du Conseil de sécurité, c'est toujours bon pour le moral, sauf à s'interroger en quoi une condamnation aussi prompte et aussi ferme que celle qui a été formulée hier fera concrètement avancer les choses. À moins de penser que de telles sorties du Conseil de sécurité à la faveur d'événements tragiques, liés à l'activité terroriste, relèvent d'un strict protocole qui exprime une solidarité de pure forme de la communauté internationale. Ce qui n'est absolument pas le cas, du moins si l'on se réfère à la résolution 1373 (2001) adoptée par ce même Conseil de sécurité, au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001 perpétrés aux USA. Ou si l'on se réfère encore (surtout) à la création, en cette même occasion, du Comité contre le terrorisme (CCT) chargé de suivre la mise en œuvre de la résolution. Il est vrai que ce comité n'est pas un organe de sanctions, mais il n'en demeure pas moins que son ultime objectif n'est autre que d'accroître la capacité des Etats à combattre le terrorisme. Conscient des limites du CCT, le Conseil de sécurité avait adopté en 2004 une résolution qui porte création de la direction du comité contre le terrorisme. Une telle direction a été chargée, outre la fourniture au comité des avis d'experts sur l'activité terroriste, de faciliter la fourniture d'une assistance technique aux pays comme l'Algérie qui fait face aujourd'hui à la nouvelle forme de terrorisme (attentats suicide) et de promouvoir une coopération et une coordination étroites à la fois au sein du système des Nations unies et entre les organes régionaux et intergouvernementaux. Cependant, il faut bien se rendre à cette évidence qui impose une nuance de taille entre la menace terroriste contre le monde occidental, incarné par l'image omniprésente dans les médias outre-Méditerranée et outre-Atlantique de Ben Laden et El-Zawahiri, et le terrorisme qui frappe un pays comme l'Algérie. Même l'allégeance du GSPC à Al-Qaïda n'aura finalement rien changé à cette donne. L'Union européenne, qui a élevé en son sein la coopération dans la lutte contre le terrorisme depuis plusieurs années à un rang institutionnel, continue à flatter l'ego des Algériens en montant en épingle ce qu'elle appelle hypocritement une expérience unique de notre pays qui a combattu tout seul durant une décennie le phénomène. Qu'on ne s'étonne, outre mesure, que le Conseil de sécurité résume, à l'occasion de l'événement tragique de Batna et de Dellys, la résolution 1373 (2001) et sa mise en œuvre par la direction du comité contre le terrorisme au rite protocolaire de la condamnation. Est-ce à dire que la communauté internationale souhaite que l'Algérie aille au bout de cette expérience ? C'est une éventualité. Pour autant qu'on sache, notre pays a été parmi les premiers à répondre favorablement à cette résolution. Et il ne sera pas inutile de rappeler encore et toujours que notre pays a dû subir, pendant une décennie dans un total isolement, l'épreuve du terrorisme avant que la communauté internationale ne se décide à opter pour une coopération la plus large possible pour lutter contre ce phénomène quand il a pris une tournure autrement plus grave pour la sécurité du monde occidental. L'Algérie attend toujours la concrétisation des engagements de la direction exécutive du CCT chapeautée par le Conseil de sécurité de l'ONU. En principe, le CCT devait étudier en début de cette année avec les responsables algériens les voies et moyens d'apporter “une assistance technique” à notre pays dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. La délégation onusienne devait encore, et en principe, faire des visites sur site aux fins de préconiser les mesures les plus efficaces de protection des installations stratégiques telles que les ports et les aéroports. Malheureusement, on est toujours au stade du principe. Zahir Benmostepha