M. Louh a indiqué que les 70 milliards de dinars bloqués à El Khalifa Bank n'auront pas “une grande influence sur l'équilibre financier de la sécurité sociale”. Soixante-dix milliards de dinars, tel serait le montant de l'argent des différentes caisses de sécurité sociale qui n'a pas été remboursé par la banque privée, El Khalifa Bank. Excepté la CNAS qui a eu le réflexe de retirer “le gros” de ses fonds, avant la mise en faillite de la banque de Abdelmoumène Khalifa, les autres organismes sociaux (CNR, Casnos, Fnpos et Cnac) se sont pratiquement fait plumer. Interrogé sur ce dossier, le ministre du Travail et de la Protection sociale a déclaré que celui-ci “est pris en charge, pour le moment, par les autorités publiques, dans le cadre du travail du gouvernement”. M. Louh a, par ailleurs, indiqué que l'argent perdu ne constitue pas “une grande influence sur l'équilibre financier de la sécurité sociale”. Par ailleurs, le ministre du Travail et de la Protection sociale a déclaré : “Notre priorité est d'investir dans la modernisation de la sécurité sociale. Et nous savons que la réussite du projet économique et social doit concilier efficacité économique et protection sociale”. Au cours du séminaire international sur la modernisation de la sécurité sociale, M. Louh a parlé de l'aide technique et financière (3 millions de dollars) du Programme des Nations unies de développement (PNUD) pour réaliser un tel projet. Selon lui, la modernisation du système de sécurité sociale vise à “améliorer les prestations et (à) assurer une meilleure prise en charge des assurés sociaux et de leurs ayants droit”. Aussi, l'organisation du séminaire international, qui s'achèvera aujourd'hui, est une opportunité pour les participants pour débattre des “dimensions sociales et financières”. En marge des travaux, le ministre a laissé entendre que “les recommandations” de cette rencontre seront prises en considération par son département qui veillera à “les adapter à notre société et notre réalité”. Tayeb Louh a également exclu toute idée de privatisation du système de sécurité sociale, estimant plus loin que l'Algérie, grâce à ses réserves de change (plus de 22 milliards de dollars), n'est pas en “position de faiblesse” face à la Banque mondiale. “L'Algérie est à l'aise, quant à la prise de ses décisions”, a déclaré le ministre du Travail, en rejetant d'un trait toute “orientation de la Banque mondiale, concernant le secteur”. Cette réponse n'a pas satisfait certains participants au séminaire, qui ont tenu à remarquer la présence, ces jours-ci, d'une délégation de la Banque mondiale à Alger, “toujours attachée à l'idée du démantèlement de la sécurité sociale, parce que ce secteur est considéré trop généreux et inadapté aux conditions économiques et de cotisations”. Selon nos interlocuteurs, pour la plupart des cadres au ministère du Travail et au niveau des caisses sociales, “les gouvernants n'ont pas le courage d'annoncer la couleur des remises en cause”, préférant s'attaquer à “l'ouverture des droits” (remboursements, prises en charge à l'étranger, etc.) et même encourager “une sécurité sociale à plusieurs vitesses, de corporatisme”, afin de fragiliser “l'esprit de solidarité des travailleurs et tout le système”. Ils ont révélé aussi que les autorités du pays font face, actuellement, aux “contraintes politiques et contraintes sociales”, mettant en exergue l'enjeu de la prochaine présidentielle et la grogne du front social. Des contraintes qui pourraient être “levées”, d'après eux, en raison des pressions permanentes des institutions financières internationales, notamment de la Banque mondiale, qui “s'appuient sur l'état des lieux déplorable”. Cette inquiétude a été d'ailleurs exprimée, indirectement, par un des intervenants, M. Khaldoun, qui a plaidé pour la réflexion et l'adoption de nos lois, en matière de cotisations et de recouvrement, afin d'éviter au système de sécurité sociale de “baisser le rideau”. H. A.