Leurs représentants ont été reçus, hier après-midi, par le directeur de l'éducation du centre d'Alger. Des policiers ont été postés dans différentes artères de la capitale, notamment devant la plupart des établissements scolaires du secondaire. Hier, c'était le tour des terminales du lycée Bouamama (ex-Descartes), à El-Mouradia, de sortir dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol quant à la surcharge des programmes scolaires, et notamment du nombre des épreuves à passer au baccalauréat. Ils se plaignent de ne pas trouver le temps pour préparer leur examen. La crainte de voir le mouvement de protestation au sein des écoles se transformer en manifestation publique semble motiver une surveillance accrue, mais excessive des lycées. Une petite tournée dans la capitale a démontré que devant chaque établissement secondaire, des groupes de terminale se sont rassemblés. Que ce soit au lycée Bouamama, Sacré-Cœur, ou encore Ben Abbès, les élèves se sont organisés de manière structurée. Avis de grève collé sur les murs avec des banderoles sur lesquelles sont écrits dans les trois langues (arabe, français et anglais) des slogans tels que “Nous ne sommes pas des rats de laboratoire. Il faut écourter le programme de la 3e année secondaire”. Ses élèves ont le souffle long et plus d'un tour dans leur cartable. Ils savent tirer les leçons de leurs erreurs. Que ce soit Sarah, Zoubida, Yousra, Amine, ou encore Yanis, tous développent un discours plutôt mature. À leur âge, on parle déjà de mobilisation, d'organisation et de faire aboutir leurs doléances. “Etudier est un droit constitutionnel, mais ceci n'est pas une raison pour nous considérer comme des oies et gaver nos cerveaux avec un programme incompréhensif”, s'expriment-ils. Pour cette journée, les lycéens ont décidé d'observer des sit-in devant chaque établissement du secondaire afin d'éviter les grabuges. Ils dénoncent, par ailleurs, la sourde oreille du ministère de l'Education nationale. “C'est notre cinquième jour de grève et rien n'a été fait, silence radio. Ce n'est pas normal que le ministre réagisse de cette façon, et il s'attend à enregistrer un nouveau taux de réussite au bac”, s'indigne Yanis. Les élèves de 3e année secondaire des différents lycées ont eu des informations, de la part de leurs délégués, pour se rassembler devant le lycée Baba-Arroudj, ex-Delacroix (Alger-Centre) afin de décider de la prochaine action. Les terminales se sont scindées en petits groupes pour rejoindre le centre-ville. Alors que les élèves du lycée Sacré-Cœur sont venus à pied, d'autres ont pris le bus, tandis que les élèves de Descartes ont choisi de marcher deux par deux, créant ainsi une file indienne interminable. Il est 10h30, les lycéens de dix établissements se sont rassemblés devant le lycée prévu bloquant ainsi la rue ex- Emile-Zola ainsi que la rue de Ghar-Djebilet. Sous l'œil vigilant des éléments de la Sûreté nationale, les élèves scandent des slogans tels que “Rectifier la réforme et alléger les programmes”. Des banderoles ont été rapidement confectionnées et accrochées devant le portail de l'établissement scolaire. Adhérant à leur revendication, certains parents d'élèves sont venus les soutenir. “Ils ont raison. J'ai ma fille qui est dans le même cas d'ailleurs la voilà. Alors qu'elle était bonne élève cette année, elle a du mal à suivre même avec les cours particuliers”, déclare le père de Nesrine. Vers 11h, un groupe composé de cinq délégués de différents lycées se déplace vers le ministère de l'Education nationale pour déposer leur plate-forme de revendications. “Nous avons attendu une demi-heure, pour nous entendre dire que tous les responsables sont en réunion”, s'indigne Zoubida. Déçus par l'attitude du ministère de tutelle, les lycéens lancent un ultimatum au premier responsable de l'Education nationale. “Afin de ne pas perdre du temps, nous allons reprendre nos cours à partir de samedi, mais si rien n'est fait d'ici le 26 janvier, nous reprendrons notre grève et cette fois-ci elle sera illimitée”, menacent-ils. Une heure après, les délégués seront reçus par M. Mesbah, directeur de l'éducation du centre d'Alger. Bien qu'il ne leur ait fait aucune déclaration, après les avoir longuement écoutés, le directeur de l'éducation leur a promis de transmettre, personnellement, leur plate-forme de revendications au ministre. Les terminales, qui vraisemblablement s'attendaient à décrocher au moins quelque chose, devront se contenter de cette première étape qui prouve que leur mouvement a été bien entendu. Nabila Afroun