Hier encore, les élèves de terminale ont tenté une marche vers El-Mouradia. Une délégation a été reçue par le secrétaire général du ministère de l'Education nationale. La capitale est sous haute surveillance en ce samedi 19 janvier. Ses artères connaissent un déploiement massif et inhabituel des forces de l'ordre jalonnant les grands points d'accès au centre-ville. Des barrages supplémentaires ont été implantés dans différentes avenues, notamment aux alentours des institutions officielles, devant la Direction de l'éducation du centre d'Alger et le ministère de l'Education nationale. De nombreux agents de police, postés dans presque toutes les ruelles algéroises, donnent l'impression qu'un cortège officiel de haute importance sera de passage. Des fourgons et camions de police, avec ce qu'ils peuvent contenir comme éléments des forces de l'ordre ainsi que des brigades antiémeutes sont positionnés devant chaque lycée de quartier. Quel est l'objectif d'un tel renforcement ? Ceci nous amène à dire que nul ne peut dissocier ce déploiement massif des forces de l'ordre à l'événement que représente la grève des classes de terminale. Hier encore, les élèves de 3e année secondaire de plusieurs lycées ont décidé de maintenir la série de protestations qu'ils ont commencées la semaine dernière. Ils ont quitté les bancs de l'école afin d'organiser des rassemblements pour dénoncer la surcharge des programmes scolaires et répondre aux déclarations du ministre de l'Education. “Nous voulons de l'action non des promesses”, “Sauvez-nous et écourtez le programme, notre avenir est en péril”, peut-on lire sur des banderoles accrochées sur les murs des différents établissements scolaires. Tous semblent que les déclarations faites par le ministre de l'Education nationale, jeudi dernier, n'ont pas rassuré les élèves de terminale. Leur inquiétude est à son paroxysme. Jour après jour, le mouvement prend de l'ampleur, plusieurs lycéens ont rejoint ce mouvement qui a commencé la semaine dernière. En effet, les élèves de terminale d'El-Mokrani I et II, d'Amara-Rachid, des Frères-Hamia, les lycées d'Hussein-Dey, se sont rassemblés encore une fois pour crier leur désespoir. Leur message est clair : ils refusent que leurs cours soient bâclés et revendiquent en parallèle la suppression de certaines leçons qui ne sont pas importantes au programme. Ils sont matinaux, jeunes, organisés et déterminés. Il était à peine 9h hier matin lorsqu'une marée d'élèves de terminale s'est rassemblée devant le lycée Ibn-Haythem sis au quartier du Ruisseau afin de s'organiser et de tenter d'improviser une marche jusqu'au ministère de l'Education afin de s'entretenir avec un responsable du département de Benbouzid. D'autres lycéens, venus de Ben Aknoun et de Kouba, se sont vu bloqués au niveau du quartier Oasis de Kouba, afin de ne pas atteindre l'annexe du ministère de l'Education, située au bas de ce quartier. “L'opération forcing” a été avortée par les éléments de la Sûreté nationale. Cependant, une délégation, composée de dix représentants des lycées d'Alger, a eu l'autorisation d'accéder au ministère de tutelle et a été reçue par Boubaker Khaldi, secrétaire général du département de Benbouzid. Après cette rencontre qui aura duré un peu plus d'une heure, les délégués ne semblent pas être convaincus, ils sont sortis avec le sentiment d'être “expédiés”. “On s'attendait à plus que cela. Il nous a répété la déclaration du ministère faite jeudi dernier. Il nous a rassurés en disant que les sujets du baccalauréat seront élaborés sur la base des leçons enseignées durant l'année scolaire. Comment ils peuvent faire ça, sachant qu'il y a toujours des lycées qui avancent un peu plus que les autres ? Il nous a parlé de la manipulation politique ainsi que des commissions de suivi. Selon lui, chaque commission sera composée d'un groupe de terminale qui statuera avec eux”, a déclaré Hakim, délégué du lycée les Frères-Hamia et d'ajouter que concernant l'épreuve de la chari'a, la décision du ministre est irrévocable. “M. Khaldi nous a proposé des heures supplémentaires, chose que nous avons refusée, au lieu de supprimer certains cours. Il nous a promis, par ailleurs, que pour cette première année du baccalauréat de la réforme, il y aura un meilleur taux de réussite avec de bonnes moyennes. Chose dont nous doutons avec un tel programme, sauf si un miracle se produit”, a ironisé un autre délégué. Dehors, le climat était surchauffé. Malgré les assurances des responsables de l'éducation, les terminales ont insisté pour continuer leur marche. Il est 13h, les lycéens ont emprunté des ruelles de la capitale jusqu'à ce qu'ils se soient retrouvés dans la commune d'El-Mouradia, là où un important cordon de sécurité les attendait. Les élèves ont tenté de le forcer, mais ils ont été bousculés et certains ont été tabassés afin de servir de leçon. Une demi-heure après, la foule s'est dispersée. Les lycéens se sont éloignés, menaçant toutefois qu'ils reviendraient le lendemain et tous les jours suivants jusqu'à ce qu'ils obtiennent du concret. Nabila Afroun