Alors qu'un dialogue politique approfondi est engagé avec l'alliance, voilà que l'OTAN sort de sa réserve et dévoile un document confidentiel impliquant curieusement l'Algérie dans le conflit du Sahara occidental. L'organisation, basée à Bruxelles, vient de démontrer, dans un document confidentiel déclassifié, que l'Algérie serait prenante au conflit autour des provinces sahariennes du royaume. “Dernier vestige de la guerre froide en Afrique du Nord, ce conflit ensablé depuis 20 ans, qui met aux prises le Maroc avec l'Algérie – les deux poids lourds du Maghreb — par Sahraouis interposés, risque à tout moment de déboucher sur un affrontement armé dont les conséquences seraient néfastes pour la sécurité de la Méditerranée occidentale”, révèle le document. Dans le même document, dévoilé pas plus tard que mardi dernier, l'OTAN épingle de prétendues “visées hégémoniques” des responsables algériens qui continuent d'entraver toute possibilité de règlement de ce conflit, au risque et péril de la stabilité dans la région. Il faut constater que le Polisario n'est cité qu'en deuxième lieu dans le document, qui souligne “l'interposition” du Polisario, qui, comme l'a précisé un ancien document des renseignements espagnols, n'est ni plus ni moins qu'une “créature de l'Algérie”. Le Polisario a été instrumentalisé par l'Algérie dans le seul but de contrecarrer la montée en puissance du royaume du Maroc, et assurer, par conséquent, une éventuelle hégémonie de l'Algérie sur la région du Maghreb. “L'Etat algérien estime que de la solution imposée aux Sahraouis dépendra la prépondérance de l'Algérie ou du Maroc dans le Maghreb”, explique le document. Evoquant l'aspect militaire de ce conflit, le même document explique que “le bras armé du Front Polisario, l'Armée de libération du peuple sahraoui (APLS), utilise des bases en Algérie”. Au soutien militaire qu'apporte l'Algérie au Polisario, s'ajoute une aide “diplomatique” incontestée fournie par l'Etat algérien, qui n'a jamais lésiné sur les moyens pour servir ses propres intérêts dans la région. S'agissant des revendications du royaume du Maroc sur le Sahara, le document se réfère à “l'avis consultatif” rendu en octobre 1975 par la Cour internationale de Justice, saisie par l'Assemblée générale de l'ONU, “dans lequel elle déclare que le territoire du Sahara occidental pourvu, avant la colonisation, d'une organisation politique en tribus, ne constitue donc pas un territoire sans maître”, citant, à l'appui, “un lien juridique d'allégeance” entre le sultan et les tribus sahraouies. C'est tout de même paradoxal qu'au moment où le dossier sahraouis arrache des soutiens au niveau de la communauté internationale qui l'a désormais classé en tant qu'affaire de décolonisation, les responsables de l'OTAN ne font que jouer le jeu de Rabat qui tient à noyer le poisson en vue de demeurer dans cette ancienne colonie espagnole. Ceci d'une part. D'autre part, l'Algérie qui respecte la légalité internationale a toujours réaffirmé son soutien à la démarche de l'ONU qui ont décidé d'organiser un référendum d'autodétermination au Sahara occidental. Aujourd'hui, le monde entier constate que le Maroc bloque la tenue de cette consultation référendaire pour la simple et unique raison qu'il craint son issue. Les Sahraouis, soucieux du respect du processus onusien, attendent que le “verrou” marocain saute afin qu'ils puissent s'exprimer sur leur avenir. Si Rabat était sûr du choix des électeurs sahraouis, pourquoi bloquerait-il alors la tenue du référendum ? Car, dans cette histoire, le royaume a d'autant plus peur des colons marocains installés dans les territoires occupés du Sahara occidental parce qu'ils risquent eux aussi de se prononcer en faveur de l'indépendance de ce pays lâché par les Espagnols en 1975. Quant à l'OTAN, il serait judicieux que l'organisation revoie les positions officielles exprimées par Alger sur ce dossier avant de rendre publics des prétendus documents classés savamment et préparés par les lobbys marocains. Amine Allami