Dans des précisions de son porte-parole, James Appathurai, l'Otan dément catégoriquement avoir déclassifié un document confidentiel qui dévoile la responsabilité de l'Algérie dans le conflit du Sahara occidental, tel que affirmé par les médias marocains, notamment la très officielle agence de presse MAP. Recourant à la manipulation, les médias marocains tentent encore une fois de faire endosser à l'Algérie la responsabilité du conflit sahraoui. Ces manœuvres ont été dévoilées par l'Otan est un expert britannique, qui démentent catégoriquement les assertions de la MAP et d'autres publications marocaines. Ainsi, suite à la publication, en janvier dernier, d'un article intitulé “Un document classifié de l'Otan dévoile la responsabilité de l'Algérie dans le conflit du Sahara”, le porte-parole de l'Otan, James Appathurai, indique dans une lettre que le document cité dans l'article “n'est ni un document classifié de l'Otan ni un document officiel de l'Otan”. James Appathurai précise que ledit document “a été téléchargé à partir d'un document original de recherche académique effectué par un professeur adjoint tunisien de l'Ecole de guerre de Tunisie, publié sur le site Internet du Collège de défense de l'Otan à Rome”, avant d'expliquer que le site Internet “Polisario Confidentiel”, qui est à l'origine de l'information, a procédé à une manipulation “consistant en l'ajout d'un logo de l'Otan ainsi que d'une classification confidentielle qui n'est pas une classification de l'Otan”. Le communiqué de l'Otan ajoute que la même information a d'ailleurs été donnée par l'agence Maghreb Arabe Presse dans une dépêche du bureau de l'agence à Bruxelles, siège de l'Otan, et datée du 25 janvier dernier. L'agence de presse officielle du Makhzen se référant au faux rapport confidentiel qu'aurait déclassifié récemment l'Otan, affirmait dans la même dépêche : “Le conflit du Sahara, qui “met au prises le Maroc avec l'Algérie” est “d'origine véritablement géopolitique” et constitue “le dernier vestige de la guerre froide en Afrique du Nord”. Par ailleurs, l'expert britannique a tenu à démentir la déclaration, qui lui a été attribuée par les médias marocains, et selon laquelle il aurait déclaré que le Front Polisario devait accepté toute proposition sérieuse du Maroc. Il s'agit là “d'une invention pure et simple des médias marocains”, affirme-t-il. Dans un communiqué rendu public, il assure que les propos qu'il avait tenus au cours d'une conférence donnée à Barcelone sur le thème “Sahara occidental : les coûts du conflit pour le développement du Maghreb” ont été “gravement déformés”. Le Dr Hugh Roberts rappelle : “J'ai dit très clairement, en réponse aux questions posées par l'assistance, que le Maroc, ayant bloqué toute tentative de règlement de cette question par un référendum d'autodétermination, portait la plus grande responsabilité morale et politique d'ouvrir la perspective d'une solution de compromis par des négociations directes avec ses adversaires.” Sur sa lancée, il indique que le Maroc “endosse” la responsabilité du blocage de toute tentative de règlement du conflit au Sahara occidental occupé. Faisant référence à la thèse marocaine tendant à réduire le conflit avec le Polisario pour le Sahara occidental en un conflit avec l'Algérie. Le Dr Hugh Roberts souligne : “Le Maroc doit faire une proposition sérieuse, qui devrait être acceptable par le Front Polisario.” Dans le même ordre d'idées, il précise que sa position était en parfaite conformité avec l'analyse et les recommandations du rapport de l'International Crisis Group intitulé “Sahara Occidental : sortir de l'impasse”. Pour rappel, l'expert britannique avait présenté un exposé sur ce rapport lors d'une conférence animée à l'Institut royal britannique des relations internationales (Chatham House) en présence des ambassadeurs et représentants du Polisario et du Maroc, en tant que parties concernées par le conflit, et des ambassadeurs d'Algérie et de Mauritanie, en qualité de pays voisins, ainsi que des diplomates accrédités à Londres, des représentants du ministère britannique des Affaires étrangères et des membres de centres de recherche et organisations locales. Dans la synthèse du contenu des deux rapports de cette ONG, le Dr Hugh Roberts a mis en exergue les coûts très élevés aux plans matériel et humain induits par le conflit entre le Sahara occidental et le Maroc durant les trente dernières années. Selon lui, le Maroc poursuit les violations des droits fondamentaux, comme l'attestent plusieurs rapports publiés par des organisations et des institutions internationales des droits de l'homme. Quant au Maroc, le coût induit par le conflit est très élevé sur le plan matériel ainsi que sur le plan politique, le destin du régime marocain étant désormais lié au règlement de la question sahraouie. Pour ce qui est des causes ayant conduit à l'impasse, le chercheur a indiqué que cela est dû au fait que l'ONU n'arrive pas à appliquer le droit à l'autodétermination à travers l'organisation d'un référendum au Sahara occidental. Cela s'explique, affirme-t-il, par l'incapacité des Nations unies à répondre de manière vigoureuse au Maroc, qui “s'évertue à dresser des obstacles entravant la mise en œuvre des accords conclus, ce qui a conféré à la partie marocaine une sorte de droit de veto lui permettant de ne pas honorer ses engagements”. Enfin, il estime : “Tout porte à croire que si un référendum libre et équitable venait à être organisé sur la base de la résolution finale élaborée en 2000 par la mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental (Minurso), le vote serait sans doute en faveur de l'indépendance.” Le Conseil de sécurité se trouve devant deux options : soit s'armer de la volonté politique qui lui faisait jusque-là défaut, pour organiser un référendum libre et équitable, soit laisser les deux parties trouver une solution négociée, conclut le Dr Hugh Roberts. K. ABDELKAMEL