Des enquêteurs délégués par le ministre de la Santé seraient sur le point de se rendre dans les tout prochains jours à Souk-Ahras. Leur mission est de mettre au jour les circonstances exactes du décès en milieu hospitalier du petit Zineddine Dhif, âgé de 9 ans. Le malheureux enfant a été victime, rappelons-le, d'une erreur médicale survenue le 8 janvier dernier, alors qu'on le préparait au bloc pour une ectopie testiculaire, une opération a priori banale. Selon les premiers éléments d'information rendus publics par les responsables de l'hôpital eux-mêmes, une erreur de manipulation des gaz utilisés pour l'anesthésie serait à l'origine de la mort de la victime. Il a été avancé, en effet, à la famille de Zineddine que l'équipe d'auxiliaires médicaux chargée de la préparation de l'opération aurait inversé le branchement des gaz anesthésiants et fait inhaler du CO2 au lieu du protoxyde d'azote au malheureux patient. Une erreur fatale qui aurait provoqué un arrêt cardiaque irréversible chez le patient, lequel n'a pu être ranimé malgré les efforts soutenus des médecins présents au bloc opératoire. Or, des témoignages concordants viennent aujourd'hui réfuter cette version. On affirme qu'au contraire, il y a eu plutôt négligence coupable et que la conduite supposée véhiculer du protoxyde d'azote était en fait branchée directement sur une réserve de dioxyde de carbone (CO2). Ce dont les auxiliaires médicaux ne pouvaient s'en rendre compte n'étant pas informés de cet aspect purement logistique du plateau chirurgical. Le problème des provisions de gaz destinés au bloc opératoire, ainsi que leur branchement et leur transport vers le service chirurgie est du ressort exclusif de la direction et des services techniques de l'hôpital, comme le confirment les responsables du secteur sanitaire. Le directeur de l'hôpital gère les anesthésiants Par ailleurs, une note de service, signée conjointement par le directeur général et le médecin-chef de l'hôpital, vient écarter la responsabilité, directe du moins, des médecins anesthésistes-réanimateurs dans la survenue de l'accident fatal qui a coûté la vie au petit Zineddine. La note, datée du 29 décembre 2007, informe le personnel médical qu' “en raison de la pénurie nationale en protoxyde d'azote, le programme opératoire de l'hôpital sera limité aux seuls malades nécessitant une courte anesthésie, une anesthésie locale ou loco-régionale”. Dans ce cas, pourquoi l'ectopie testiculaire, qui est une intervention chirurgicale nécessitant une anesthésie générale, donc l'utilisation combinée de protoxyde d'azote avec d'autres anesthésiques, a-t-elle été autorisée ? Selon les médecins éclaboussés par ce scandale, ce serait le directeur général de l'hôpital qui aurait exigé d'eux la programmation de l'opération, tout en leur affirmant que l'hôpital dispose d'une réserve de ce gaz et qu'ils pouvaient procéder à l'acte sans problème. Il semblerait, toujours selon ces derniers, que le premier responsable de l'établissement hospitalier ait confondu par méprise une charge de CO2 de protoxyde d'azote, lors d'un contrôle des stocks et qu'il aurait ordonné son branchement dans la niche réservée à cet effet. Même si l'on peut admettre que le directeur d'hôpital était animé de bonnes intentions en veillant personnellement à ce que le bloc opératoire de son établissement fonctionne sans retard, on est en droit de se poser d'autres questions. Pourquoi ces erreurs de manipulation de gaz anesthésiants, qui ont déjà coûté la vie à une jeune femme de 27 ans et à un sexagénaire en juin dernier dans l'enceinte de ce même hôpital, se sont-elles répétées ? Quelles sont les conclusions de la première enquête que le ministère de la Santé avait déclenchée à cette époque ? Les réponses sont en tout cas attendues par la population locale qui exige des sanctions à l'égard de responsables administratifs et médicaux de cet hôpital, où les victimes ont été privées à jamais de la prise en charge médicale et de l'accompagnement humain spécifique qu'elles étaient en droit d'espérer. A. ALLIA