Tout en mettant en relief les conquêtes des travailleurs, le secrétaire général de la Centrale syndicale prône le passage de la revendication à celui de la proposition. “L'UGTA n'a pas à rougir de son bilan. Nous n'acceptons plus de recevoir des coups tout en nous taisant.” Des propos de Abdelmadjid Sidi-Saïd, le secrétaire général de la Centrale, qui donne un aperçu de la “fougue” avec laquelle il est arrivé hier au Centre de la mutuelle des travailleurs à Zéralda pour assister à l'ouverture du second congrès de la FNTMMEE (Fédération nationale des travailleurs de la mécanique, de la métallurgie, d'électricité et de l'électronique, affiliée à l'UGTA). Même s'il n'a pas parlé du mouvement de protestation enclenché par les syndicats autonomes la semaine dernière en se contentant de dire “je ne veux pas polémiquer. Je ne veux parler que de mon travail”. Il dira tout de même que “la violence est facile, mais les répercussions sont trop graves. Nous ne sommes pas fous. C'est seulement avec la stabilité qu'on peut avoir des résultats. Le dialogue peut prendre du temps, mais il y a toujours des résultats au bout”. Il a aussi insisté sur “son” bilan par l'énonciation des points “chauds” de l'actualité. En commençant par un surprenant “je veux mettre les points sur les…Y”, le patron de la Centrale syndicale martèlera des chiffres sur le nombre de fois où les dossiers ont été traités dans les bipartites et tripartites. “Le pouvoir d'achat a été traité 14 fois, la retraite 13 fois, la Fonction publique 12 fois, le SNMG 9 fois, le dialogue social 9 fois, les salaires impayés 8 fois et les décisions de justice 5 fois. Tout cela est une preuve que nous n'avons jamais cessé de travailler.” Il profitera ainsi de l'occasion pour expliquer le retard sur les statuts particuliers qui étaient pourtant annoncés pour début janvier. “À 90% tout est prêt pour la finalisation des statuts particuliers. Il s'agit de 44 statuts particuliers à négocier.” Il ajoutera que “l'UGTA fait du forcing pour accélérer les procédures. Je comprends bien l'impatience qui règne, mais pratiquement tout sera prêt vers la mi-février.” À propos du pouvoir d'achat, il insistera pour “blanchir” la centrale en précisant qu'elle est “seulement acteur et non responsable”. Essayant d'être plus explicite, il affirmera que les vrais responsables de la baisse du pouvoir d'achat, “il faut les chercher ailleurs”, en nommant les spéculateurs. “Il nous faut un débat de fond. La chaîne du producteur vers le consommateur est ce qu'il y a de plus important et c'est là qu'il faut trouver des solutions.” Cette rencontre avec les syndicalistes des quatre secteurs industriels du pays a été aussi une occasion pour Sidi-Saïd de lancer un slogan derrière lequel il veut situer la centrale. “L'ère des revendications est révolue, place maintenant aux propositions.” Il montrera sa “surprise” à l'assistance. Un document dont l'intitulé est : “Propositions d'actions pour le sauvetage de l'industrie mécanique en Algérie” et sur lequel il compte lancer l'UGTA. “Proposons au lieu que de revendiquer. C'est pourquoi nous nous attelons avec les syndicalistes et des experts pour donner des propositions en vue de trouver des solutions.” Concernant le congrès en lui-même, et sentant la tension dans la salle, le SG de la Centrale syndicale a voulu “avertir”. Il commencera par défendre le bilan de l'équipe sortante : “On doit toujours respecter le travail de quelqu'un, même s'il est minime.” Et d'enchaîner : “Nous ne sommes pas responsables, mais des représentants des travailleurs avant tout. L'anarchie est refusée. Certes l'ambition est acceptée, mais pas au détriment de la fraternité syndicale.” Il terminera ses “remontrances” et ses menaces à peine voilées par un : “Li afhame Allahou mabarik, li mafhamche… fahmouhe” (ceux qui ont compris tant mieux pour eux, ceux qui n'ont pas compris alors… expliquez-leur !). Message reçu ? On en doute puisqu'il suffisait de voir l'ambiance électrique qui régnait à sa sortie de la salle. Salim KOUDIL