Le ministre de l'Education semble reculer pour mieux sauter dans la mise en œuvre de sa réforme. Après avoir nagé en eau trouble durant les quinze derniers jours, le secteur de l'éducation sort de la “crise”. En effet, les concessions faites par le ministre aux élèves ont servi à calmer les esprits anti-réformistes. M. Benbouzid, face aux inquiétudes des lycéens, a préféré faire marche arrière quant à certains aspects de la réforme, notamment ceux concernant la surcharge des programmes et la méthode pédagogique de l'approche par les compétences. Le ministre a de plus tenu à rassurer ces élèves en leur promettant que les sujets de l'examen du baccalauréat seront élaborés uniquement sur la base des leçons effectivement dispensées. À cet effet, deux commissions ont été créées et le ministre était présent hier matin, au lycée Hassiba-Ben-Bouali pour procéder à l'ouverture du séminaire national sur le suivi et l'exécution des programmes scolaires qui s'y tenait. Cette rencontre, qui a regroupé les directeurs de l'éducation des 48 wilayas, des représentants des enseignants et ceux des parents d'élèves, avait pour objectif de dresser l'état d'avancement des programmes de terminale de tous les établissements à travers tout le pays. Lors de son allocution d'ouverture, Benbouzid a déclaré que “les personnes qui sont réunies ici auront à faire le point sur ce qui a été réalisé dans tous les établissements du secondaire”. Concernant l'état d'avancement des programmes, M. Benbouzid a tenu à rassurer les élèves grévistes qui craignaient de ne pas avoir assez de temps pour achever les nouveaux programmes introduits par la réforme. Le ministre, tout en reconnaissant la surcharge des nouveaux programmes, a tenu à expliquer que “les terminales n'ont de tout temps jamais réussi à arriver au bout des programmes scolaires, le taux d'avancement étant estimé à 80%”. M. Benbouzid ajoutera, en outre, qu'en ce qui concerne les taux d'avancement enregistrés pour le 1er trimestre de l'année scolaire en cours au niveau national, ils ont été communiqués. “Nous savons aujourd'hui que le taux d'avancement pour l'ancien programme était de 40% tandis que celui du nouveau programme est estimé à 35% en moyenne”, a-t-il précisé. Quant à la surcharge des programmes, le ministre qui avait longtemps insisté lors de la mise en œuvre de la réforme sur l'aspect qualitatif de leur contenu insiste, aujourd'hui, sur l'importance de la qualité du rendement des élèves. Selon lui, surcharger les programmes n'implique pas nécessairement une meilleure qualité d'enseignement, surtout lorsque les enseignants n'ont pas été formés pour. “La commission devra également à ventiler ce qui reste du programme sur les mois à venir afin de permettre une synchronisation de l'application des programmes à travers toutes les wilayas. Cette synchronisation doit assurer un enseignement de qualité”, a-t-il déclaré. Le ministre s'est ensuite rendu à l'INFP d'El-Biar où se sont réunis les membres de la Commission nationale des programmes afin d'élaborer un plan de progression chronologique des programmes, et ce, au niveau national. Auprès des inspecteurs, tout en saluant l'effort fourni lors de l'élaboration des nouveaux programmes qui comptent à présent des chapitres supplémentaires, le ministre insistera sur le fait que la réforme doit se faire de manière graduelle. L'application de l'approche par les compétences sera elle aussi graduelle puisque la méthode pédagogique n'est toujours pas assimilée par le corps enseignant. Il ajoutera, en outre, que même s'il a choisi la difficulté pour mettre en œuvre cette réforme, il est persuadé que cela mènera le secteur vers la réussite. “C'est bien beau d'enrichir les programmes en contenu, mais il faut surtout s'assurer que le volume horaire correspond à cette surcharge”, a-t-il estimé avant d'ajouter : “Nous avons choisi le chemin le plus difficile, mais je suis persuadé que c'est le chemin qui mènera vers la réussite.” Enfin, le ministre a clairement averti qu'il est nécessaire d'éloigner l'éducation des enjeux politiques, car à ses yeux “ce secteur à la fois sensible et déterminant ne devrait pas être utilisé pour atteindre ceux qui le représentent”, a-t-il conclu. Amina Hadjiat