Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est à Addis Abeba pour prendre part aux travaux du VIIIe sommet de l'Union africaine. Durant cinq journées, l'Afrique devra sérieusement examiner sa situation pour ne pas demeurer à la traîne du monde mondialisé. L'ordre du jour de cette rencontre est en lui-même significatif des retards enregistrés par le continent. Examen du partenariat initié entre l'Afrique et le G8 (Nepad) avec une séance consacrée à des évaluations sur la bonne gouvernance. L'Algérie qui a été parmi les premiers Etats à s'imposer, ce mécanisme doit être au menu de l'évaluation par les pairs. Le Nepad n'a toutefois pas donné tous les résultats promis, et des pays fondateurs s'interrogent sur son utilité, à l'image du Sénégal. Les chefs d'Etat doivent également examiner un rapport sur le renforcement de la sécurité en Afrique dans la perspective de sa prise en charge par l'UA, l'Onu ne devant plus être qu'un outil d'appoint. La question est extrêmement délicate. Le continent souffre cruellement de manques en moyens financiers et matériels et, pour ne pas arranger les choses, son “Conseil de sécurité” n'a pas encore l'autorité morale requise pour faire respecter ses résolutions, même avec l'appui d'un “comité de sages” récemment installé. Le sommet doit bien sûr examiner les tensions qui affectent ses membres. Leur nombre, une quarantaine il y a une décennie, a considérablement chuté, mais de nouveaux points de fixation sont apparus. Alors que le Rwanda n'a pas encore cicatrisé les plaies de ses génocides, voilà qu'un scénario similaire se dessine au Kenya, pourtant le pays le plus stable de l'Afrique de l'Est. Dans ce dossier, l'UA n'a pas brillé, son président en exercice, le Ghanéen John Kuofor ayant échoué dans sa mission de médiation entre le président kenyan et son opposant qui conteste sa réélection. Sans compter le casse-tête du Darfour où l'UA s'est fondue dans l'Onu pour essayer de sauver ses meubles. Ici, aussi, l'Afrique s'est laissée distancer par l'Europe qui va dépêcher une force de stabilisation (Eufor) au Tchad et en Centrafrique au motif de sécuriser des réfugiés de la guerre du Darfour. Après ces questions politico-militaires, les chefs d'Etat devraient se pencher sur l'industrialisation de l'Afrique. La tâche est ardue mais il faut à tout prix que le continent sorte du piège de fournisseurs de matières premières dans lequel l'avait plombé le colonialisme. Les délocalisations des activités industrielles vers les pays riches en matières premières ne devraient pas faire perdre de vue l'aspect environnemental quand il s'agit d'usines à forts degrés de pollution. Tandis que les chefs d'Etat plancheront sur ces problèmes, l'Organisation des premières dames africaines se réunira toujours dans la capitale éthiopienne autour de la lutte contre le VIH/sida, une vraie pandémie en Afrique. L'autre sujet, qui risque d'accaparer les projecteurs sur le VIIIe sommet de l'UA, le renouvellement de sa Commission dans un contexte où les réformes sont nécessaires. Alpha Oumar Konaré, le président de la Commission, n'a pas l'air d'être intéressé par un autre mandat. Le Malien qui avait quitté le fauteuil présidentiel dans son propre pays estime que les dirigeants africains devraient se suffire de mandats prescrits par la loi pour ancrer la démocratie dans le continent. Le président de la Commission de l'Union africaine n'a cesse d'inviter les Etats africains à respecter leurs engagements en matière de démocratie. L'année dernière, le sommet de l'Union africaine avait adopté une charte africaine de la démocratie et des élections. Kadhafi, qui n'a pas abandonné son rêve, va encore empoisonner le sommet avec son exigence d'Etats-Unis d'Afrique, bien qu'il vienne de subir un nouvel échec dans une réunion tenue dans son propre pays sur le thème. Les dix pays qui forment le comité ministériel chargé de la question n'ont réussi à se mettre d'accord que sur certaines idées générales. Le rêve du leader libyen est repoussé à 15 ans D. Bouatta