Environ 250 enfants pris en otage plusieurs heures lundi par des combattants islamistes lourdement armés dans une école du nord-ouest du Pakistan ont été libérés et leurs assaillants se sont rendus à un conseil tribal qui avait négocié ce dénouement heureux. Les preneurs d'otages étaient entre les mains du conseil tribal et on ne savait pas si le gouvernement pakistanais a accepté de laisser les assaillants repartir libres comme ils l'exigeaient. Sept terroristes s'étaient réfugiés dans l'école, armés de grenades et de lance-roquettes, pour échapper à la police, qui menait une opération coup-de-poing contre une poche d'El-Qaïda. L'armée pakistanaise a lancé, depuis une semaine, une offensive majeure dans les zones tribales, voisines de cette région et frontalières avec l'Afghanistan. L'opération cible des tribus pakistanaises fondamentalistes, des talibans afghans et des combattants étrangers du réseau islamiste El-Qaïda, qui a reconstitué ses forces dans cette zone, selon les Etats-Unis. Les combats dans ces zones tribales ont fait plus de 200 morts chez les insurgés et une vingtaine dans les rangs des militaires, ce sont des zones difficiles d'accès et interdites aux journalistes. Les affrontements entre l'armée et les insurgés islamistes avaient commencé dès la fin de 2001 quand une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis avait chassé les talibans du pouvoir en Afghanistan, mais le Pakistan avait marqué peu d'empressement, se faisant rappeler à l'ordre régulièrement par Washington, son grand allié. Il a fallu attendre 2007 pour que la lutte antiterroriste marque le pas. Des kamikazes de groupes islamistes ont fait de cette année-là, l'année la plus meurtrière de l'histoire du Pakistan : plus de 800 personnes ayant été tuées dans des attentats, des attaques suicide pour la quasi-totalité. Depuis le début de 2008, une cinquantaine de personnes ont déjà péri dans cinq attentats. Après l'assassinat de Mme Bhutto, Musharraf a repris son bâton de pèlerin pour défendre son image de meilleur garant contre l'islamisme dans ce pays musulman qui possède la bombe atomique. L'offensive des derniers jours vise des zones habitées par la tribu des Mehsud, obéissant au chef Baïtullah Mehsud, considéré par Islamabad et les Etats-Unis comme l'un des principaux commandants d'El-Qaïda au Pakistan, et accusé d'être à l'origine de la plupart des attentats suicide récents, notamment celui qui a tué l'opposante Benazir Bhutto, le 22 décembre. D. B.