L'inauguration officielle du gisement géant de pétrole d'Oughroud a donné la mesure de l'accroissement des intérêts pétroliers américains en Algérie. La compagnie US Anadarko, qui a réalisé les plus grosses découvertes de brut de ces dernières années en partenariat, compte renforcer sa présence. Elle produit déjà avec Sonatrach environ 300 000 barils/jour, soit 15 millions de tonnes annuellement. Anadarko est sur le point de recevoir le feu vert de l'Etat pour le développement des gisements du bloc 208, susceptibles de produire plus de 100 000 barils/jour de pétrole en association avec Sonatrach. Elle envisage d'injecter environ 600 millions de dollars pour réaliser ce projet. En un mot, Anadarko, en partenariat avec Sonatrach, va assurer, en grande partie, le doublement de la capacité de production de pétrole du pays, 1,5 million de barils/jour prévus en 2005. “L'Algérie est un pays clé dans la stratégie d'Anadarko. Nous sommes présents depuis 16 ans. Dans 16 ans, nous serons toujours là. C'est une région majeure de production. Nous cherchons de nouvelles opportunités en Algérie. Nous essayons de capitaliser nos excellentes relations avec Sonatrach”, a indiqué M. Alman, directeur management à Anadarko. Anadarko a investi jusqu'à présent 1 milliard de dollars dans le secteur pétrolier en Algérie. Elle compte injecter 100 millions de dollars dans l'exploration en 2003. D'autres compagnies américaines, telles que Amerada Hess et Burlington sont impliquées dans le développement de gisements dans le pays. Ainsi, la guerre contre l'Irak n'a eu aucun impact sur les engagements pétroliers américains en Algérie. “L'Algérie n'est pas une zone interdite pour l'investissement américain”, a ajouté le représentant américain. Le reste est l'affaire de compagnies privées. A l'échelle africaine, l'intérêt plus accru du département US de l'Energie sur le pétrole de l'Angola et du Nigeria pour contribuer à assurer l'indépendance des Etats-Unis en matière d'approvisionnement pétrolier, n'empêche pas les sociétés privées, de choisir librement et de façon générale le pays d'accueil de l'investissement, a-t-il laissé entendre en réponse à une question sur la réorientation de la politique énergétique US après les évènements du 11 septembre. “Nous avons des amis en Algérie. Pas en Irak”, a glissé M. Alman. Tout cela fait penser à une main basse sur les richesses pétrolières du pays. Mais, la loi de 86, amendée en 1991, avec le ratio 51/49, semble préserver les intérêts du pays sans pour autant exclure des pressions américaines. Le gisement d'Oughroud, même si la part d'Anadarko n'est que de 9%, contribue à accroître les intérêts US en Algérie. C'est un champ géant qui recèle 1,6 milliard de barils récupérables, soit parmi les trois premiers gisements de pétrole du pays. Il produit actuellement 230 000 barils/jour. Ce qui porte la capacité de production de l'Algérie à 1,3 million de barils/jour. L'investissement global pour développer le gisement s'avère très important. Sonatrach l'évalue, jusqu'en 2008, à 1,6 milliard de dollars. N. R.