RESUME : Le jeudi après midi, Fella et sa mère, s'apprête à rendre visite à la fille que sa tante a déniché pour Kamel. Fella se sentait coupable envers son frère qui n'est pas au courant des manigances de sa mère. Mais… Fella revint au salon, habillée de pied en cap. Pour faire bonne figure comme toujours dans pareilles circonstances, elle avait opté pour le classique. Un tailleur en lin bordeaux et des chaussures à haut talons. - Comme tu es belle ! s'exclame sa tante. On jurera que c'est toi la mariée… Au fait, pourquoi ne l'es-tu pas encore ? - Heu… - Fella est encore jeune l'interrompt sa mère… Elle travaille. - Jeune… non… laisse-moi rire ! À son âge, j'avais déjà tous mes enfants. Quant au travail, les femmes qui courent les rues à longueur de journée risquent d'oublier qu'elles ont un devoir à accomplir. Elles sont dans ce monde pour être épouse et mère de famille. Le reste est superflu. - Plus de nos jours ma tante, s'écrie Fella. La femme doit assurer elle-même son avenir. - Et quand doit-elle se marier alors ? - Le mariage n'est pas une garantie de nos jours. C'est plutôt une corvée pour certaines (elle eut une pensée pour Hadjer) Les temps ont changé ma tante et l'âge du mariage aussi… Nous pouvons nous marier aujourd'hui à n'importe quel âge. - Même à 60 ans ? - Même à 60 ans ! Mais cela m'étonnerait, car à cet âge, une femme pensera plutôt à faire une omra si elle en a les moyens, d'autant plus qu'après une retraite bien méritée, elle aura assuré ses vieux jours. - Donc si je comprends bien, à ce rythme-là aucune femme ne voudra se marier. - Mais si, ma tante… Quand le Mektoub se décide… Il y a toujours un moyen de travailler et de se marier La tante lève les bras aux ciel : - Mon Dieu. ! Quelle génération ! Heureusement que de mon temps les femmes étaient plus sages… et heureusement que je n'ai que des garçons. Elle fait un clin d'oeil à sa sœur. - Tiens, j'ai une idée… Pourquoi ne marions-nous pas Fella à Riad ? Fella ouvrit de grands yeux. Riad, son cousin, était bien plus âgé qu'elle. C'était aussi le plus grand voyou qu'elle n'a jamais connu. Un type qui avait fait de la prison, que le travaille répugne et qui ne vivait que de gain facile à droite et à gauche. L'instabilité personnifiée et le déshonneur en plus. - Non merci ma sœur, s'est écrié sa mère… Fella n'est pas prête à se marie… Et puis, entre nous, un mariage de famille n'a jamais arrangé les choses. - Pourquoi donc ? Frustrée, la bonne femme se sentit touche dans son amour-propre. - Que reproches-tu à mon Riad ? Toutes les filles du quartier n'ont d'yeux que pour lui. - Eh bien, en voila une belle occasion pour toi de le marier avec une fille de son choix… Ne serait-ce pas mieux ? - Tu connais Riad. Il est comme Kamel, quelqu'un d'indécis. - Non, pas comme Kamel. Non, ne dis pas ça, ma sœur…. Kamel est bien plus posé ! Offusquée pour la deuxième fois, la sœur se lève et se saisit du pan de son voile. - En voila des manières de recevoir ta sœur… Je viens t'aider à dénicher une fille pour ton fils, et tu me reproches la conduite du mien ? Je suis folle d'avoir voulu te venir en aide… Alors, c'est du jamais vu : une tante qui dénigre son neveu ! Que reproches-tu à Riad ? la prison ? Eh bien, dis-toi une chose ! Il n'y a que les hommes qui vont en prison ? C'est un type qui ne baisse pas l'échine, il est fier mon fils… Si fier que personne n'ose poser les yeux sur lui. Son autorité fait peur à plus d'un et heureuse sera celle qui l'épousera. Yasmina Hanane (À suivre)