M. Cheikh Bouamrane n'a pas manqué de mettre en relief cette “frilosité” qui a caractérisé l'action des ulémas dans le monde musulman. Le président du Haut-Conseil islamique (HCI), M. Cheikh Bouamrane, a estimé hier que “les tenants de la pensée intégriste qui soutiennent le recours à la violence sont une minorité par rapport à la grande communauté des ulémas musulmans”. Interrogé par le quotidien Al-Qods El-Arabi à propos du rôle des personnalités religieuses dans la lutte contre le terrorisme islamiste, M. Bouamrane a reconnu cette “frilosité” qui a caractérisé l'action des ulémas dans le monde musulman, tout en insistant sur le fait que ceux qui appellent à l'usage de la violence ne sont qu'une minorité qui, d'après lui, “devrait, si l'on se réfère à la tradition musulmane, se ranger du côté de la majorité”. Le président du HCI n'a pas manqué de préciser à ce propos que son instance a toujours pris des positions courageuses par rapport à ce phénomène. “Nous avons toujours donné notre avis sur la question que ce soit lors des séminaires et colloques, mais aussi à travers des publications”, note-t-il. Dans cet entretien qui a porté sur un certain nombre de questions d'actualité nationale et internationale, le président du HCI a, d'ailleurs, considéré “important” la campagne enclenchée récemment par la Radio algérienne du Coran, qui a donné la parole à d'illustres personnalités religieuses condamnant le terrorisme. “Ce qu'elle (Radio Coran) fait, même si cela demeure insuffisant, est important dans la lutte contre l'ignorance et cette initiative mérite tout notre soutien”, souligne-t-il. Interrogé sur les causes du phénomène de la conversion au christianisme, remarqué, notamment, chez les jeunes, le président du HCI a estimé que cela est surtout dû à “l'aspect matériel, qui y joue un grand rôle”, citant entre autres motifs de ce renoncement “la misère, le chômage et le vide que vivent nos jeunes”. Toutefois, bien qu'il ait relevé que la responsabilité dans cette situation “incombe à tout le monde” et non pas uniquement au ministère des Affaires religieuses, M. Bouamrane a tenu à singulariser le rôle des systèmes éducatifs nationaux. Quelle solution adopter par rapport au phénomène ? “Je ne suis pas un défenseur de l'extrémisme qui ne peut donner des résultats. Je suis plutôt pour le recours à la sensibilisation et la prédication”, répond-il. Le président du HCI adopte d'ailleurs la même position à l'égard des harragas qu'il refuse de condamner ou d'assimiler à des opérations suicide. Pour lui, “il faut avoir de la peine pour ces jeunes et non les blâmer ou les juger à travers des fetwas religieuses”. Cela pour ceux qui ont perdu la vie dans leur aventure. Pour ce qui est de ceux qui ont pu échapper à la mort, M. Bouamrane préconise le recours à la sensibilisation, tout en insistant sur le règlement des problèmes qui sont à l'origine de ce phénomène, comme le chômage, la misère, les problèmes du logement et la hogra. “Il faut écouter ces jeunes et résoudre leurs préoccupations sans violence”, insista-t-il. H. SaIdani