L'abondance des produits de saison n'est plus dominante à souk Ellil et les fruits exotiques d'importation ont pris une bonne place sur les étals. Une majorité de pavillons ont les rideaux totalement ou à moitié baissés. La rareté des produits s'ajoute à l'anarchie d'antan du marché. Nous sommes pratiquement à la mi-février. Les températures diurnes tendant vers la stabilisation entre 16° et 24° C indisposent les fellahs de la région de Dahra. Au grand dam du monde rural, les météorologues prévoient encore la persistance du soleil pour les prochains jours ! Certes, la situation n'est pas encore critique, mais l'inquiétude s'installe. “Nous avons connu un janvier 2006 particulièrement arrosé, puis un janvier 2007 et un janvier 2008 relativement secs”, se rappelle Habib, un ingénieur fellah, en espérant une évolution favorable des précipitations. L'important bassin maraîcher mostaganémois, véritable grenier de fruits et légumes du pays, n'offre plus l'abondance de naguère qui se traduisait par des prix à la portée de toutes les bourses. La sécheresse perdure et impose une mercuriale désormais immuable de prix fixés à leur plus haut niveau de l'année. La folie des prix des fruits et légumes, que l'on croyait être une caractéristique du mois de Ramadhan, se prolonge depuis. La siccité génère la pénurie ou du moins la baisse de l'offre, dope les prix et éveille l'instinct spéculatif, toujours latent. Son rôle de véritable plaque tournante du commerce des fruits et légumes, souk Ellil, le marché de gros de Sayada, à quelques encablures de la ville de Mostaganem, révèle le drame de cette sécheresse qui semble perdurer. Sur souk Ellil, le jour ne s'est pas encore levé. Les habitués ont fait le constat depuis quelques semaines déjà : le marché a remarquablement perdu de sa fébrilité et de sa verve. Vers dix, onze heures, il n'y a pratiquement plus d'acheteurs. LA PENURIE DES ANGRAIS PERDURE L'abondance des produits de saison n'est plus dominante et les fruits exotiques d'importation ont pris une bonne place sur les étals. Une majorité de pavillons ont les rideaux totalement ou à moitié baissés. La rareté des produits est venue s'ajouter à l'anarchie d'antan du marché. La pénurie des engrais, qui perdure depuis la soumission, à des fins sécuritaires, de cet intrant agricole à des formalités administratives particulièrement draconiennes imposées en vue de baliser la destination et l'usage de ces produits chimiques, a plongé dans l'expectative tous les agriculteurs, et les “patatiers” en particulier. L'indisponibilité de ces intrants agricoles, hautement déterminants de la productivité de la pomme de terre, sur le marché local, constitue la plus grande préoccupation de l'heure. Une indisponibilité qui suscite l'angoisse de ces producteurs agricoles, déjà rudement éprouvés par la flambée des cours de tous les intrants nécessaires à la production de la patate, notamment la semence dont le quintal surfe largement au-delà du million de centimes. Les “patatiers” s'étant déjà engagé dans la galère par la plantation de quelque 4 000 hectares de ce “précieux” tubercule ne savent plus à quel saint se vouer, dès lors que c'est le moment précis et opportun où l'épandage de l'engrais requis s'impose. On pourrait toujours compenser partiellement le manque par la fumure organique, mais il n'en demeure pas moins qu'une pomme de terre conduite sans cette fertilisation chimique se traduit inéluctablement par un important manque à gagner en matière de rendement. “Une dépréciation qui équivaudrait à l'obtention du rendement d'une culture conduite en mode extensif, soit de l'ordre des 100-150 quintaux à l'hectare, alors que les rendements généralement obtenus dans la région seraient 4 ou 5 fois supérieurs'', selon un technicien de la direction des services agricoles. Outre le registre des ventes, dûment coté et paraphé par l'autorité judiciaire territorialement compétente, les fournisseurs et revendeurs des intrants agricoles en question doivent se faire délivrer des autorisations spéciales, en sus des agréments initialement requis, auprès de la direction des mines des wilayas. “L'imbroglio” bureaucratique ne semblant pas encore au point, confusion et pénurie se sont emparées du marché des fertilisants chimiques. Méfiant et réticent comme toujours, le fellah, de son côté, ne daigne point assimiler cet argumentaire sécuritaire. Pour lui, dès lors qu'il s'agit de remettre une quelconque pièce d'identité au fournisseur d'intrants pour en porter filiation et références sur le registre mis en place, ce n'est qu'un subterfuge bureaucratique “inventé” pour identifier, et par conséquent, frapper d'impôts les agriculteurs ! En sus de la pénurie des engrais, les agriculteurs font face, ces derniers temps, à l'absence des pluies qui se font cruellement désirer depuis maintenant près d'un mois. C'est dire combien l'inquiétude des fellahs, notamment les céréaliers, est grande ! Aussi, un autre malheur pointe du nez, compliquant davantage la situation ! le mildiou ! Des attaques de la redoutable maladie cryptogamique, dont les ravages sur la pomme de terre du printemps dernier sont encore vivaces dans l'esprit des fellahs, ont bel et bien été dépistées, la semaine dernière, sur une superficie de quelque 36 hectares, au cœur du bassin maraîcher qui ceint la ville de Mostaganem. Aussitôt décelées, ce sont les techniciens de la station locale de l'INPV (Institut national de la protection des végétaux) qui viennent de donner l'alerte en avisant la direction des services agricoles et la Chambre d'agriculture de la wilaya en charge de la répercussion de l'avertissement parmi les agriculteurs ayant planté la pomme de terre de saison. M. O. T.